Les Diapos de Cousumouche
petits textes pris sur le vif, juste pour le plaisir
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Thé?
de Jérôme Rosset
mis en ligne le 19 septembre 2006
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Je me souviens maintenant ; c’était au soleil couchant l’autre soir, entre le moment où le ciel se voile et celui où la pluie viendra.
C’était un de ces moments que je prenais pour moi, un livre à portée de main pour apaiser ma curiosité ou pour jouir des lignes d’un bon auteur,  moment de détente sur le bord d’une terrasse sous les arbres du jardin, moment de plaisir sous les sonorités d’un vieux disque de Cat Stevens ;
« I think i see the light coming trough me , giving me a second side » , moment privilégié ou le temps, une fois de plus, prend la mesure de mon envie de le voir ralentir sa course.
 Je m’étais préparé un thé, pas un thé de paille ou une quelconque infusion de verdure d’élevage de poules, non, c’était l’un de ces thés enchanteurs que l’on ne trouve pas n’importe où : un bloc de thé cerclé de feuilles, maladroitement ficelé et enrobé dans le papier d’un journal indéchiffrable, un thé un peu sec mais chargé de parfums inimaginables, un thé précieux par son goût et sa rareté mais surtout par sa provenance, un trésor ramené des Comptoirs de Pondichéry par cette incroyable voyageuse que tu es.
Il y avait sur la table ce paquet de thé, la lettre qui l’accompagnait, ta lettre, et ma tasse fumante, je t’ai lue en m’enivrant de tes récits, les épices et les visages, les couleurs et les chants. Je me vois encore humant la vapeur qui s'échappait de ma tasse en reconstituant les senteurs les unes après les autres. La pluie s’est soudainement mise à tomber et je suis rentré me poster sous le couvert pour l’écouter et la regarder : cette pluie avait des allures de mousson ce soir là, J'ai fermé les yeux.

                        
En un instant je me suis retrouvé comme ailleurs, comme avant ou comme jamais, impossible de définir cet état ou ce lieu; transporté vers des plateaux élevés vers Darjiling ou ces villages retirés en Inde du Nord. Des sourires épanouis, l'odeur de la terre après la pluie se mélange avec celle des fleurs que j'effleure du bout des doigts en déambulant sans peine et sans effort sur ce sentier qui serpente en direction de la montagne, un chemin... A suivre donc.

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