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Chapitre VI Épisode 024 |
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J’arrive boulevard Carl-Vogt un peu en retard, les paupières collées, en me demandant comment je pourrais m’y prendre pour finir le rangement de l’appartement avant le retour de Valentine. Nul ne se soucie de mon arrivée. C’est la pleine effervescence. On ne parle plus que de la « thèse de Berlin ». Ou plutôt Tarantini en parle assez fort pour que personne ne puisse ignorer ses découvertes. Il a passé sa soirée à échanger des informations avec des représentants de diverses polices européennes ; et il le raconte comme s’il avait été transporté dans le monde de ses rêves. Il montre à qui veut le voir un rapport de la police allemande, qu’une secrétaire opportunément bilingue lui a traduit, et qu’il garde en main comme une relique sainte. – Avec ça, on les tient ! La police allemande et les douanes suisses signalaient le passage éclair sur notre sol, un aller-retour depuis Berlin, de Bojan Scvepic, instructeur dans l’armée slovène qui vendait son habileté au tir de manière presque officielle. Il avait travaillé pour diverses organisations de renseignements et avait rendu quelques services aux forces d’interventions européennes et américaines durant la guerre en Yougoslavie, services sur lesquels on observait aujourd’hui un silence pudique et qui permettaient à Scvepic de jouer avec la légalité sans trop se faire de soucis. D’une précision diabolique, capable de poinçonner un ticket de métro à cinquante mètres, les descriptions élogieuses et les superlatifs ne manquaient pas pour souligner les qualités de tireur de Bojan Scvepic. Son nom avait été cité dans plusieurs affaires d’assassinat dont celle d’un ambassadeur iranien, mais on n’avait jamais rien prouvé contre lui. Les informations qu’il détenait lui servaient apparemment de sauf-conduit. Bojan Scvepic se trouvait à Genève la nuit de l’assassinat de Rollin-Lachenal. C’était un acquis et une trop grosse coïncidence pour que Tarantini pût se retenir de jubiler dans les couloirs. Car, pour un spécialiste du calibre de Scvepic, abattre Rollin-Lachenal depuis le quai du Mont-Blanc était un jeu d’enfant, presque du gaspillage de compétences. On ne pourrait sans doute jamais prouver que Scvepic avait pressé la gâchette. Tarantini lui-même n’y croyait pas trop et les responsables de la police avec lesquels il s’était entretenu n’étaient pas plus enthousiastes. – Ils ne s’attendent pas à des miracles. Ils vont lui poser deux ou trois questions pour la forme et basta ! Mais Scvepic, ce n’est plus ma priorité. En cuisinant la secrétaire de Magrot, j’ai appris que son homme de confiance, Pierre Rivaz, oui, le juriste que tu as interrogé avec Darbellay, était récemment parti démarcher des clients à l’étranger... Et devine où il est allé ? Je dois être la seule personne qui n’avait pas encore entendu son petit laïus et pourtant il en salive encore ; je hausse les épaules pour ne pas lui gâcher le plaisir de la révélation. – Berlin, mon petit pote. De là à l’inculper, il n’y a qu’un pas. Et ce pas, je te jure bien que je vais le franchir aujourd’hui. – Tu l’as convoqué ? – Un peu, oui. Il marine depuis une heure en salle 4... Il ne fait pas le faraud, je te jure. Tu veux venir avec moi, histoire de prendre quelques notes. Tarantini bombe le torse et se dirige vers la salle d’interrogatoires. Je vais m’avaler un café avant de le rejoindre. |
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