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Chapitre VI Épisode 026 |
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– Êtes-vous en mesure de fournir un résumé précis de tous vos déplacements et de vos entretiens et réunions d’affaires à Berlin ? – Il faudrait vérifier dans mon agenda, et... – Voyez-vous, Monsieur Rivaz, votre très opportun voyage nous pose problème. Surtout lorsque l’on sait que le tueur de Rollin-Lachenal a été très vraisemblablement contacté à Berlin. Et si l’on ajoute que l’esclandre de Tardelli et la mort de ce brave Rollin-Lachenal vous surprennent tellement peu que vous ne jugez pas utile de vous rendre sur place ou même de contacter Tardelli, on ne peut s’empêcher de penser que vous n’avez pas un rôle très clair dans cette histoire. Rivaz ne répond pas ; il a la mâchoire qui tremble un peu. Il se retient de parler parce qu’il sait que ce qu’il dirait ne serait ni poli, ni de nature à le disculper. Tarantini aurait aimé un plus grand public ; on sent qu’il joue la scène autant qu’il la vit ; qu’il savoure le plaisir d’avancer ses pions. – Dites-moi Rivaz, c’est si difficile que cela de sentir une société vous échapper, une société dans laquelle vous avez beaucoup donné ? Le coup de la compassion semble fouetter Rivaz ! – Là, laissez-moi vous dire que vous êtes à côté de la plaque. Rollin-Lachenal n’avait pas les moyens d’acheter Magrot-Tardelli. – Encore cette rhétorique ! La bourse et les experts vous donnent tort mon cher ! – La bourse n’a jamais eu de cerveau ! Quant à vos experts, je ne sais pas où vous les avez pêchés mais ils ont besoin de cours de rattrapage en analyse financière. Et pour ce voyage à Berlin, Je ne vois vraiment pas ce que vous voulez en tirer. Les Allemands sont nos plus gros clients ; je me rends à Berlin pour le compte de Magrot-Tardelli entre quatre et six fois par année. C’est aisément vérifiable. – Cela ne change rien aux faits. – Des faits ? Le fantasme de la renaissance de Rollin-Lachenal ? Laissez-moi rire ! Cet entretien vire au grotesque. D’ailleurs, je refuse de répondre à d’autres questions sur ce sujet. J’ai le droit d’être assisté d’un avocat, et vu la tournure que prend notre conversation, je vais en faire usage ! Et Rivaz croise les bras haut sur sa poitrine, lève un peu la tête, se détourne. Il a des attitudes d’enfant boudeur. Et les enfants boudeurs sont obstinés. Tarantini le sait bien. Il quitte sa chaise en bredouillant quelques mots et me fait signe de le suivre. Dans le couloir, la colère éclate. Mon fier collègue donne un grand coup de pied dans une armoire des vestiaires. – Bordel, je le tenais ! Je suis sûr que je tenais ! T’as vu comme je le menais, Joss ? Je fais oui de la tête sans réfléchir à la question. Quand un gars comme Tarantini est dans un tel état de nervosité, le contrarier devient vite une entreprise périlleuse. – Je l’ai perdu à cause de cette question de bourse. Je vais activer les experts de la financière, moi. Il faut qu’on se base du solide, de l’incontestable. Bordel, dès qu’on parle de chiffres, il se réveille, il nous mène par le bout du nez, t’as vu, hein, t’as vu ?! |
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