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Chapitre VI Épisode 027 |
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Tarantini s’en va à grands pas dire sa façon de penser à un responsable de la brigade financière et je m’offre un deuxième café. Darbellay fouille dans un dossier en se grattant le crâne. – Tu ne voudrais pas m’filer un coup de main, Joss ? – Et pis quoi encore ? – Juste une petite relecture pour la grammaire. En échange, je t’emmène en virée et je te paie à bouffer à midi, ça marche ? – Où ça, en virée ? Darbellay m’explique alors qu’il a passé un coup de fil à son ancienne logeuse. Une concierge fureteuse qui connaît les Pâquis comme sa poche. Elle avait appelé le standard ce matin pour lui demander de passer la voir. – Geneviève, elle ne me dérangerait pas pour rien ! Tu verras c’est un phénomène. Je malaxe la syntaxe de salle de garde de Darbellay tandis qu’il va s’humecter le gosier au bistrot d’en face. Quand j’estime le rapport potable, pas trop clinquant, ce serait suspect, je l’envoie par courrier interne et je vais rejoindre Darbellay. – Eh bien, allons voir ton phénomène. Rue du Fossé Vert. J’ignorais même son existence. Nous n’avons pas le temps de nous garer correctement qu’une vieille bien habillée nous bondit dessus. – Ah, mais le voilà enfin, mon poulet ! – Geneviève, comment ça va, toi ? Ils s’enlacent et se racontent quelques blagues. Pour connaître la vie et les humeurs de la ville, il faut se balader avec Darbellay dans les vieux quartiers. Tout le monde le connaît, il est le flic, comme on est le coiffeur ou le plombier. Et lui, il jongle avec les prénoms et les souvenirs. Il n’oublie ni le nom du chien, ni les vieux ragots. « Comment fais-tu pour te souvenir de tout ? », lui avait un jour demandé Tarantini avec une vague envie. « Suffit de s’intéresser à ce qu’on te raconte ». Drôle de gars, Darbellay, plus curé que flic, le cœur sur la main et les menottes dans l’autre, capable d’écouter l’enfance de l’assassin avant de dire que ce salaud mérite au moins la peine de mort. – Je ne suis même pas sûre d’avoir quelque chose de consistant à dire, soupire la vieille Geneviève. – Raconte quand même... Je m’approche, la petite dame m’intègre dans son paysage, me jauge un instant, puis se remet à causer comme si je n’avais jamais existé. – Tu sais que Pablo, l’ancien mari de Faustine, oui ce foutu bon à rien ! Eh bien, la ville lui a confié le service d’immeuble du 6. – Le bâtiment tout pourri à côté du tien ? Ils ne devaient pas le rénover ? – Ah ! M’en parle pas. Ils attendent. Ils trouvent tous les trucs pour attendre. Ils laissent l’immeuble en plan. Et je t’ai déjà parlé de ces petits salauds de squatters ?! Geneviève fouille de temps à autres dans son sac, en tire un mouchoir de tissu avec lequel elle s’essuie les lèvres. Darbellay est angélique de patience. – Ils salopent tout, tout le temps. Pablo, il ne dit rien ; il ne s’en sort pas. Tu le connais ; pas foutu d’utiliser ses dix doigts. C’est moi qui vais faire les vitres et sortir les poubelles. Je téléphone parfois à la régie, mais ils me prennent pour une vieille emmerdeuse. Mais je me suis suffisamment cassé le dos dans leurs escaliers pour leur dire c’que je pense. T’es d’accord avec moi ? Darbellay est d’accord, tant et si bien que Geneviève finit par en venir aux faits. |
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