• 25Mai

    Tribune de Genève – 26 mai 2010

    Le duo Extrêmes Suisses : c’est de la dynamite!

    Mieux qu’une pub Ovomaltine : La Chanson du Dimanche version romande.  Déjà 21 vidéos postées sur YouTube.

    Présentation de deux gaillards promis à un joli succès.

    TEXTE : CHRISTIANE PASTEUR
    PHOTOS : LAURENT GUIRAUD

    Vous avez aimé La Chanson du Dimanche, deux chansonniers français hilarants?  Ne ratez pas Extrêmes Suisses!  Plus terroir qu’Alain Morisod, plus vachard que Marie‑Thérèse Porchet, plus potache que Michel Bühler : un duo drôlissime qui enchaîne les chansons satiriques devant la caméra.

    Ce commando de carnaval, qui concocte ses bombinettes pacifiques dans une cave genevoise, a déjà posté sur le Net 21 vidéos aux noms évocateurs : Ta voile est molle, 45 jours, Oskar aux fraises, Fais comme Marcel, Le livreur de minarets.  Dans un seul et unique dessein : brocarder quelques figures majeures de la suissitude.  Leur hymne à Alinghi, par exemple, a cartonné.  II paraît même que l’entourage du milliardaire des mers aurait beaucoup ri…  mais chut!

    Sursaut patriotique

    «On défend la Sainte Trinité : Marcel Ospel, Ernesto Bertarelli et Roger Federer», expliquent-ils.  L’un est écrivain, l’autre chanteur.  Le premier est Valaisan, le second Québécois.  Et même pas naturalisé.  Ils dirigent depuis quelques années la maison d’édition Cousu Mouche.  Un soir de novembre dernier, alors qu’ils phosphoraient sur un manuscrit, ceux qui se décrivent comme des «emmerdeurs royaux» ont eu envie de s’éclater un peu.

    Une guitare, un déguisement, une caméra et quelques bières plus tard : leur première chanson, Ratatata, était en boîte.  Ratatata? «La Suisse fabrique des armes, il faut la soutenir.  II en va de notre dignité de mâle sexué.  Les armes sont l’apanage des hommes bien portants et il ne faut pas que la Suisse devienne un repaire de pacifistes impuissants et invertis», arguent‑ils le plus sérieusement du monde.

    Pour dire la vérité, ils avaient le blues.  Ratatata constitue alors leur réponse, le sursaut patriotique de ce duo pas trop typique. «Entre la votation sur les exportations d’armes, celle sur les minarets et les élections genevoises, l’ambiance de cet automne n’incitait pas trop à l’humour et à la gaudriole, elle devenait même franchement puante.»

    Sans parler des commentaires haineux postés sur les sites Internet des divers quotidiens locaux. «Ils exprimaient une telle haine, un tel mépris de l’autre, une intolérance suintante…  On est des humanistes, ouverts aux autres et au débat.  À partir du moment où l’on ne peut plus discuter, où tout est cadenassé par la haine ou l’idéologie, ça nous énerve beaucoup.»

    Un coup à gauche

    La droite ou les banquiers ne constituent pas pour autant leurs seules cibles.  Ainsi Petit écolo ou Le cœur à gauche s’amusent des contradictions, et autres petites trahisons entre amis, des femmes et hommes de gauche.  Clin d’œil aux élus genevois, «dont l’engagement est inversement proportionnel à ce qu’ils montrent devant les caméras».

    Ce qui leur a d’ailleurs valu quelques réactions hostiles. «On voulait prendre le contre‑pied, ne pas être étiqueté dans un camp.  Si on tape toujours du même côté, ça risque vite de ne plus être drôle du tout», commentent les deux compères.

    Car ils ont beau se dire «engagés mais pas militants», les Extrêmes Suisses ont des idées bien arrêtées sur la gauche et ce qu’elle devrait être. «Le problème c’est que ce sont les idées du MCG qui sont dans la rue.  On préfère une gauche active et dans l’opposition qu’une gauche molle et au pouvoir.  D’ailleurs tout socialiste qui est réélu devrait automatiquement être naturalisé démocrate‑chrétien…»

    Le 1er août au Grütli?

    La référence à La Chanson du Dimanche est évidente.  Le binôme français leur a d’ailleurs rendu hommage en reprenant Le livreur de Minarets sur leur site. «On a été super touchés.  Il faut qu’on leur rende la pareille.  Le problème, c’est que de leur part ça ressemble à un hommage, nous, ça fait pillage…»

    Côté scène, le duo d’Extrêmes Suisses s’est produit au parc des Bastions le 1er mai dernier, à l’occasion de la Fête des travailleurs.  Entre le premier couplet de l’Internationale et les saucisses du Parti du travail.  Un succès d’estime, malgré la pluie.

    Leur prochain concert? «Si quelqu’un veut nous engager pour chanter sur la prairie du Grütli le 1er août, on est partant!»

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