Chapitre XVIII
 
     
 
Épisode 086
 
     
 

La machine à café était en panne. Le gardien de nuit lui expliqua que cela faisait trois jours qu’ils attendaient le réparateur. Robin haussa les épaules et alluma une cigarette. L’entrée de la morgue était éclairée par des néons qui faisaient ressortir l’aspect sordide du lieu. Il n’avait jamais pu se faire à l’ambiance glauque de cet endroit malgré ses nombreuses visites. Une fois de plus, il détesta cet aspect de son métier. La mort ne le laissait jamais indifférent et chaque autopsie le plongeait dans une profonde tristesse malgré les plaisanteries douteuses des médecins légistes.

En arrivant sur le lieu du crime, une décharge désaffectée au nord de la ville, Robin s’était vite rendu compte qu’il était inutile de commencer les recherches d’indices cette nuit. L’homme n’avait pas été tué sur place, son corps sans vie avait été abandonné parmi les objets hétéroclites qui brillaient dans la nuit comme pour narguer les policiers.

L’ambulance allait bientôt arriver. Sa sirène n’était pas branchée. Pourquoi se presser lorsque l’on transporte un cadavre ?

L’autopsie aurait lieu le lendemain, mais les causes du décès semblaient claires, l’homme avait été tué d’une seule balle tirée à bout portant qui lui avait transpercé un poumon et s’était logée dans le cœur. Le cadavre n’avait pas été identifié. Pas de papiers d’identités, ni photographies, ni clefs. Mais ce n’était pas un crime crapuleux, Robin en était persuadé. Il n’y avait aucune trace de lutte, pourtant l’homme était costaud, il ne se serait pas laissé agresser sans se défendre.

Une fois de plus Robin se demanda ce qu’il faisait là, au milieu de la nuit, en train de guetter l’arrivée d’un cadavre alors qu’il pourrait être bien au chaud dans son lit.

Mais il savait très bien pourquoi. C’était à cause du mort. Il ne pourrait pas dormir sans avoir revu le visage du mort. Un homme d’âge mûr, distingué, un homme qu’il était certain d’avoir déjà vu. Récemment.