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Chapitre III Épisode 013 |
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Mon intervention ne fut pas brillante. J’ai répété plusieurs fois qu’il était impossible que le tueur se soit posté là par hasard, qu’il savait que Rollin-Lachenal irait à la fenêtre et qu’il nous fallait découvrir comment il pouvait le savoir... Je conclus sans proposer d’explications et non sans trébucher au détour de mes phrases. Quand mon élocution en pâtit, je regrette presque la boisson. – Un complice à l’intérieur, dit Tarrantini d’un ton las lorsque je me tus. Dès que nous saurons précisément avec qui Rollin-Lachenal conversait lors des minutes qui ont précédé sa mort, nous déterminerons sans peine qui l’a envoyé au casse-pipe... Mais, au vu de l’arme, de l’organisation, je crains que nous ne pêchions qu’un sous-fifre... – À quoi penses-tu ? – À un employé du Noga-Hilton, un serveur que l’on aurait soudoyé pour glisser un billet à Rollin-Lachenal ou une injonction lui demandant d’aller à la fenêtre. C’est tout simple. Je compris au fil de la réunion que Tarrantini ne songeait qu’au tueur. Une collaboration internationale, la possibilité de voyager dans diverses capitales européennes, l’impression de se frotter au crime, au vrai, de quitter le train-train genevois, voilà des idées qui lui collaient à l’imaginaire... Il enrageait à l’idée que, droit d’aînesse et spécialisation aidant, cette part du travail reviendrait de droit à Darbellay ; mais Darbellay s’inclina avec grâce. – Si tu préfères que je fouine du côté de l’entourage... Au sortir de la réunion, Michel me propose un café, enfin, café pour moi et fendant pour lui, dans un bistrot d’habitués où l’on ouvre les bouteilles de blanc dès le réveil. – Vexé, me demande-t-il ? – Pas vraiment. Je pensais simplement avoir mis le doigt sur quelque chose d’intéressant. – C’est intéressant. T’es-tu demandé qui a organisé la soirée ? – Non. – Rollin-Lachenal, lui-même. Au Noga-Hilton, le personnel a été surpris que le chef se déplace en personne pour régler l’emplacement des tables, du buffet, la musique qu’il conviendrait de passer, le podium... – C’était un type qui n’aimait pas déléguer... Tu sais les gens de cette génération... Moi, je vois mon beau-père... Si l’on en juge à son regard courroucé, on peut dire sans trop s’avancer que Darbellay n’éprouve pas une folle envie de m’entendre digresser sur le beau-père. – Peut-être... Mais là n’est pas le problème. Il n’organisait pas un anniversaire surprise, que je sache. C’est lui qui tenait la baguette, lui qui décidait à qui il voulait s’adresser et quand... – Tu ne crois pas au mot magique ? – Non. Celui qui a envoyé Rollin-Lachenal à la mort était soit l’un de ses proches, tout proche, ou quelqu’un qui avait une très forte influence sur lui ; j’en mettrais ma main à couper. Il commande un second verre, les yeux déjà brillants, l’air plutôt content de lui. – C’est pour cela que tu as laissé le tueur à Tarrantini ? – Qu’il s’amuse à jouer les pêcheurs de gros, c’est de son âge. Mais le tueur, dans cette histoire, ce n’est rien d’autre que du matériel, la véritable arme d’un crime. Et une arme qui risque fort de rester muette. Non, les questions vraiment intéressantes, c’est à nous de les résoudre... – Nous ? – Ouais mon petit père, j’en commande une dernière et tu me suis en vieille ville. Nous avons rendez-vous dans une demi-heure chez maître Pierre Rivaz. – C’est qui celui-là ? |
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