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Chapitre VI Épisode 028 |
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– Bon toujours est-il que plus grand-monde ne traîne dans l’immeuble. Mais la semaine dernière, j’y ai vu de la lumière pendant deux ou trois nuits, au deuxième étage. J’ai demandé à Pablo s’il avait repéré de nouveaux squatters. Il m’a dit qu’il n’avait rien remarqué. N’empêche que les jours qui ont suivi, il a fait le tour du quartier avec de l’argent plein les poches. Il jouait les milords et il puait le champagne. – T’en pense quoi ? – Je pense que quelqu’un lui a refilé de l’oseille pour un appartement. Et Pablo, quand on lui présente quelques billets, il s’assied sur sa moralité, tu peux me croire... Ce que je ne comprends pas, c’est quel espèce d’ahuri pourrait avoir envie de louer un pareil taudis. Celui qui a les moyens, il crèche à l’hôtel, non ? Et puis, ça n’a pas duré longtemps, trois nuits tout au plus. Quand je suis allé récurer, j’ai écouté à la porte à tout hasard... Mais plus un signe de vie. Darbellay remercie Geneviève d’une bonne accolade. Je crois aussi qu’il lui glisse un billet dans la poche. Je ne suis pas sûr et ça ne me regarde pas vraiment. Amie ou indicatrice, un peu les deux sans doute, Geneviève s’éloigne à pas difficiles vers son café ou son petit rouge. – Un peu flou pour qu’on rameute les renforts ; mais ça vaut le coup d’aller voir, murmure Darbellay. Si l’habit ne fait pas le moine, la façade ne fait pas le logement. Putain, c’est crade ; ça dégouline de jus de poubelle, ça suinte l’urine et la bière. Il faut vraiment être sans toit pour vouloir s’incruster ici ; Pablo est statufié sur le balais qui lui sert de béquille. Il couine en nous voyant arriver. – Oh, la poulaille ! Vous n’avez rien d’autre à faire qu’à venir tourmenter le petit travailleur ? – Bonjour Pablo. Nos oreilles traînaient justement dans le quartier... Et nous avons entendu dire que vous aviez de l’argent à dépenser, ces temps-ci. Certains prétendent que vous auriez récemment trouvé un généreux locataire... – Y’a des vicieux dans le quartier, des mauvais... J’fais d’mal à personne, moi, j’paie mon verre quand il faut et je m’occupe pas des affaire des autres. C’est des chiens tous des chiens, et vous, vous caquetez derrière les chiens, côôt ! côôt ! Darbellay le laisse dérouler sa litanie pitoyable de haine et d’humiliation, de mauvaise foi et de colère vraie ; un triste bircher, un pot au feu fané ; Il est sale et vil et sans avenir ; et plus jamais la caresse d’une femme ou le sourire d’un enfant ne lui rendront un semblant de douceur ; c’est un humain passé, un humain foutu, un humain plus à pleurer qu’à vomir. Je m’apitoie. Pas Darbellay. – C’est au deuxième étage et tu dois connaître la porte. Alors, soit tu nous ouvre, soit nous ouvrons de force. Et si nous devons ouvrir de force et qu’on trouve ce que nous pensons, je te garantis personnellement quelques ennuis. – Comment ça ce que nous pensons ? Qu’est-ce que vous comptez y trouver au deuxième ? – Il était comment le type qui t’a filé l’oseille ? Bien mis, bien sapé ? Et toi tu ne doutes de rien, tu prends ; tu ne te dis même pas que ce fric va t’attirer des emmerdes ? – Eh, oh, doucement ! J’ai rien touché, moi, de personne. J’suis ni un indic ni un vendu ! – Pour l’instant tu vas te contenter de jouer le rôle du gentil serrurier. Et vite ! |
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