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Chapitre VI Épisode 029 |
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Darbellay frappe plusieurs fois à la porte. Personne ne répond. – Y’a quelqu’un ? – Vous cassez pas, dit Pablo, vos informateurs, ils avaient bu un coup de trop, voilà tout. D’ailleurs si c’est que ça, je vous offre un petit blanc en face... Et... – À toi de jouer, dit Darbellay en le poussant en avant. Pablo écarquille les yeux devant son trousseau de clés. Il n’a évidemment pas noté laquelle correspond à quelle porte et comme elles sont toutes du même modèle, sa petite méditation ne lui sert qu’à perdre du temps. – T’attends quoi ? Et tandis que le concierge grommelant enfile une à une les clés dans la serrure et essaie vainement de faire joue le pêne, Darbellay se tient droit, contre le mur, sa main sur son arme au cas où. Quand on n’a pas l’habitude de ce genre d’intervention, on se croirait dans un film d’action, en un peu plus lent. Un film aux gonds mal huilés. J’aurais envie de rire, d’observer la scène mollement avec un paquet de pop-corn dans une main et une canette de bière dans l’autre, mais le sérieux de Darbellay m’en impose tout de même, me picote la nuque, et me fait une petite boule à l’intérieur du ventre, surtout lorsqu’il m’intime de me coller au mur moi aussi. Il croit quoi ? On ne va tout de même pas nous accueillir à la mitraillette ?! Pablo hoquette un peu. Il a trouvé la bonne clé. Quand la porte s’ouvre, Darbellay l’écarte d’un bras ferme. Il s’avance ; je le suis. Le couloir pue le renfermé. Flottent encore de vieilles odeurs de nourriture, de moisissure. Personne n’a aéré les lieux depuis foutrement longtemps. Une minuscule cuisine sur la gauche. Darbellay s’avance. Il saisit une canette de bière qui trône sur le frigo, la renifle, grimace. – Quoi ? Il me fait signe de me taire, s’approche de moi et me glisse. – Il y a un fond de bière au fond de la canette, de la bière qui sent la bière et pas la moisissure. Elle a été bue il y a quelques jours sans doute, mais pas plus... – Et alors ? – Alors, il se pourrait qu’il y ait encore quelqu’un ici. Suis-moi et fais gaffe. Cette fois, pas de doute ; j’ai oublié les pop-corn et la boule de mon ventre passe de la taille d’une boule de billard à celle d’une pastèque de beau gabarit. Je file le train à mon aimé et large collègue, mais à le suivre d’un pas trop près, je me cogne à son dos lorsqu’il s’immobilise à l’entrée du salon. – Merde ! Je me raconte plein de conneries à toute vitesse dans ma tête pour ne pas entendre la voix blanche de Darbellay, pour ne pas voir ce qu’il voit ; mais je n’y peux rien ; par-dessus son épaule, je vois. |
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