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Chapitre VII Épisode 033 |
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Darbellay tourne comme une mouche dans mon bureau et j’ai beau lui présenter un siège, il n’y aura pas moyen de le faire asseoir. – Tarantini a fait appel à plusieurs experts qui ont entendu des responsables de la banque ; ça ne tient pas. – Qu’est-ce qui ne tient pas ? – Rollin-Lachenal était à deux doigts du dépôt de bilan. Il pouvait faire illusion six mois, pas plus. Il n’avait pas les moyens de racheter Magrot-Tardelli, pas même de proposer des fonds pour participer à son développement. Il n’avait plus de réserves, plus de fric et personne ne voulait miser un centime sur lui ! Rivaz avait raison sur toute la ligne... Il a su nous le faire sentir, je te jure ! – Et la soirée de Rollin-Lachenal ? – Un coup de bluff ! Un immense coup de bluff qui porte ses fruits. Regarde !!! Le centre de documentation de Darbellay, c’est la poche arrière de son pantalon, on y trouve les archives complètes d’une enquête en papiers pliés, feuilles tachées et torchons divers. Il s’était fait sonner les cloches plusieurs fois par le Paon, cette infusion de paraître, cet expert en ronds de jambes qui dirige la police genevoise. « Enfin Darbellay. Nous instaurons un suivi des procédures. Comment voulez-vous que nous obtenions une certification ISO avec un bordel pareil ? » Je crois que plus d’un supérieur a rêvé de foutre Darbellay dehors ; mais il y a des dinosaures qu’on ne chasse pas, qui ne s’amendent pas non plus. – Tu vois m’avait-il dit un jour, j’ai tout dans la tête, l’agenda, les numéros de téléphone, tout. À quoi bon perdre du temps à écrire tout ça ? Un jour, le blanc de trop me trouera le cerveau et je serai plus bon à rien, mais jusque-là, qu’on me laisse faire mon boulot ! Et Darbellay me sort un article mal déchiré du Temps et un compte rendu du Courrier. Les feuilles étaient fraîches du jour, mais dans l’atmosphère des poches de Darbellay, elles avaient jauni de vingt ans. « Les réserves secrètes des banquiers privés ; un secret d’outre-tombe ? », demandait le Courrier en vouant aux gémonies les milieux financiers genevois. J’aime bien le Courrier, mais à force de taper à longueur de temps sur le même clou, il devient aussi prévisible qu’une bande annonce de film américain... Le Temps analysait lui l’évolution des actions Rollin-Lachenal. En observant la courbe qui s’étale sur une demi-page, j’essaie de faire entrer quelques équations dans mon cerveau du matin. Et je calcule un peu écœuré que la mort de Rollin-Lachenal avait rapporté plus de 12 millions de francs en quelques jours aux actionnaires de la banque. Ce n’est pas tant le prix du cadavre qui me dérangeait, que la gigantesque amoralité qui danse là derrière. |
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