Le couloir est vide. On n’entend pas le moindre bruit. Vu l’heure, Darbellay doit en être au digestif et Tarantini à la salle de sport. Je me glisse dans les bureaux et je retrouve le compte-rendu des déclarations de Bernard Armand. Je pioche un peu dans le texte, je relève quelques réponses...

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– Étiez-vous au courant du but de la soirée ?

– Oui. Je ne connaissais pas les détails... Généralement, Xavier me demandait de gérer l’intendance, le déroulement des événements de beaucoup plus près. Là, il s’est contenté de me donner quelques directives générales. J’étais bien en peine de répondre aux invités qui me harcelaient pour en savoir un peu plus.

– Cela vous a étonné d’être tenu à l’écart ?

– Étonné, c’est beaucoup dire. Vous savez ; un homme comme Xavier se doit parfois de prendre des décisions brutales, presque instinctives. Au fil du temps j’ai appris à m’adapter et à ne pas poser trop de questions.

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– Connaissez-vous Marco Tardelli ?

– Je ne l’avais rencontré que deux fois. Xavier fermait la porte quand il s’entretenait avec lui. Vous savez, il avait une culture du secret, du silence. Parfois ça nous a joué des tours.

– N’avez-vous jamais songé à quitter les établissements Rollin-Lachenal ?

– J’ai fais carrière dans la banque Rollin-Lachenal, j’ai monté les échelons. J’ai participé à tous les moments phares, aux décisions vitales. Je suis attaché aux lieux, aux gens, à ma tâche. Je conçois parfaitement que nul ne soit indispensable, mais ma connaissance des rouages est très utile à Xavier... Mon poste s’est étoffé au fil des années et je crois sincèrement que je n’aurais rien trouvé d’équivalent ailleurs.

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– Vous étiez, bien évidemment, au courant de l’état financier réel de la banque... Qui d’autre était dans le secret ?

– Je ne savais pas tout. Là encore, seul Xavier disposait de toutes les cartes. Ce qu’il a annoncé durant la soirée, fut pour tous, y compris moi, une grande surprise.

– Mais qui lui a fourni les états financiers qu’il a montrés durant la soirée ?

– Moi, bien sûr ; mais Xavier m’a apporté des éléments nouveaux trois jours avant la fête. Je n’ai appris la vérité que par bribes.

– N’est-ce pas un désaveu ? Vous êtes responsable des finances de toute l’entreprise et vous êtes tenu à l’écart... On vous met à peine au courant d’un partenariat essentiel.

– Ce n’était pas la première fois. Xavier n’aimait donner les éléments que par bribes et disposer lui seul d’une vision d’ensemble. Je l’ai parfois mal vécu par le passé, mais j’ai bien vite compris que cela ne remettait en cause ni ma valeur ni l’estime que j’inspirais à Xavier

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Je referme le dossier, un peu perplexe.