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Chapitre IX Épisode 045 |
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– Toi aussi... – Moi aussi, quoi ? – Je te considérais comme le dernier rempart, Joss, le seul qui ne viendrait jamais m’importuner avec des questions auxquelles je ne peux pas répondre... – Ne t’énerve pas. C’est juste un détail. – Je ne m’occupe que des détails. Je passe ma vie penchée sur des détails. Et les détails que je suis parvenue à analyser de façon pertinente, toutes les poussières qui parlent, sont répertoriés et commentés dans un rapport dont tu possèdes une copie reliée sur ton bureau ! Et crois-moi, je travaille de façon sérieuse. Je n’ai pas l’habitude de garder mes petits secrets pour faire l’intéressante. Si ta réponse ne figure pas dans le rapport, c’est tout simplement que je ne la possède pas. – Ou que tu n’es pas assez sûre de toi pour qu’elle y figure... Écoute, Pernilla, c’est tout simple... – Non, ce n’est pas tout simple et c’est toi qui va m’écouter. Je n’aime pas qu’on me prenne pour une voyante et je ne suis pas payée pour prédire la météo à cinq jours. Je suis une scientifique. Mon travail est utilisé par les tribunaux, on s’en sert pour condamner ou acquitter des accusés. Alors, je me base sur des données objectives, je refuse de conclure à la légère comme tes imbéciles de collègues et tu ne me verras pas m’avancer plus que je ne peux. Pernilla est rieuse, de bonne compagnie en soirée, mais dans le travail, elle est d’une exigence peu commune. Au labo, ceux qui s’agitent sous ses ordres, même s’ils s’épuisent en tous sens, lui vouent une admiration qui ressemble à un culte. À Stockholm, Pernilla passait pour une des meilleures spécialistes de la police scientifiques, l’une des plus polyvalentes aussi. Elles fut envoyée en Suisse pour six mois, pour donner des cours à nos étudiants, perdus à des années lumières de ses explications. Elle n’était pas repartie, tombée raide amoureuse d’un ouvrier vaudois plus vieux qu’elle de dix ans et plus petit de quinze centimètres. Elle roucoulait dans les aigus aujourd’hui encore quand elle parlait de lui. Une vraie passion. Incompréhensible, mais inaltérable. La police genevoise avait gagné une perle et elle le devait à un électricien dégarni qui garait sa camionnette n’importe où, insultait les flics quand il avait bu un verre de trop, mais à qui personne n’osait plus coller un PV. Le mec de Pernilla. Impensable. – Disons alors que je te demande un service informel... – Bien sûr que c’est informel. C’est toujours informel et ça ne vous empêchera pas de foncer tout droit dans la direction que je vous indiquerai et de venir râler si, par malheur, ce n’est pas la bonne. Inutile d’insister. Je n’obtiendrais rien à travailler de front notre nordique obstinée. Heureusement Pernilla avait une faiblesse, un péché mignon qui nous évitait d’escalader trop souvent sa conscience professionnelle par la face nord. – Je t’invite à bouffer à midi ? |
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