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Chapitre IX Épisode 051 |
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On ne peut pas dire que ma thèse du suicide obtint un grand succès boulevard Carl-Vogt. Même Darbellay n’y accorda qu’une importance toute relative. – Ce n’est pas parce que tes potes sont incapables de se faire offrir une bière, qu’un assassin préparé et décidé n’arriverait pas à ses fins ! N’empêche qu’il n’avait pas même un début d’explication plausible et que je me raccrochais à la mienne avec une certaine conviction. – Et pis Tardelli, tu ne vas pas me raconter qu’il s’est suicidé aussi, Tardelli ? Enfin, un brin de conviction... Les jours suivants furent surtout l’occasion d’envoyer quelques mails à Svcepic, au gré des géniales illuminations de Tarantini qui trouvait l’interrogation miracle, l’évidente source d’indices, et de recevoir quelques réponses que je lui traduisais avec peine et dont il interprétait le moindre terme. En gros, Scvepic affirmait que d’abattre un homme à cette distance était d’une ridicule facilité et que faire appel à un tireur d’élite d’une qualité comparable à la sienne pour commettre un tel forfait était aussi stupide que de nourrir un cochon au caviar de la Caspienne. Il semblait considérer l’assassinat de Rollin-Lachenal comme une affaire vile et sale. En tout cas pas une action qu’un homme d’une éthique aussi haute que la sienne (il truffait ces mails de circonvolutions à deux balles : homme de mon niveau ou de professionnel de mon expérience histoire de se disculper à chaque détour de ligne; ça m’énervait méchamment) pourrait revendiquer sur sa carte de visite. Peut-être jouait-il un rôle pour se dédouaner ? Rien de plus facile que de mimer les dégoûtés devant son clavier, mais j’avais le sentiment que Darbellay avait vu juste. Si Scvepic nous répondait, c’est que quelque chose avait cloché. Le commanditaire n’avait pas été correct jusqu’au bout et le tueur slovène se faisait un malin plaisir à jouer avec le feu, peut-être lui transmettait-il nos échanges de mails pour lui faire peur. À part ça, il faut reconnaître que nous n’avancions pas beaucoup. Car si Scvepic répondait docilement aux questions techniques, tout ce qui aurait pu le mettre en cause, même de loin, était rejeté. Les trouvailles rhétoriques de Tarantini n’y changeaient rien. Mes mails imprimés s’étalaient sur des pages entières, constellés de formules de politesses absolument écœurantes de servilité, mais dûment exigée par le Paon lui-même, fort habitué à la pratique politique de la courbette et certain que la méthode cirage de pompes donnerait des résultats, me valaient des réponses de trois lignes et demie. Scvepic était un consultant laconique et bien payé. Ses mots valent de l’or, me disais-je, vaguement dégoûté. Mais que faire sinon lui tartiner une nouvelle salve de politesse ? |
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