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Chapitre XI Épisode 056 |
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Sylvia Rollin-Lachenal regarda quelques instants dans le vide, comme si elle hésitait à me confier quelque chose, puis la rancune la reprit. – Vous voulez comprendre qui était mon père ? Je vais vous raconter une petite histoire : Je lui avais donné un rendez-vous tout ce qu’il y a de plus officiel pour parler de mon avenir autrement qu’entre deux portes. Je devais avoir vingt ans, et mes études marchaient plutôt bien. J’ai dit à mon père que je voulais prendre sa succession. Il a rit. Je lui ai dit que j’étais sérieuse et il a comprit qu’il ne pourrait éluder ma question. Alors il m’a répondu : « D’accord de t’engager à condition que tu sois la meilleure de toute ta promotion universitaire ». J’ai relevé le défi. Je n’ai pas eu la meilleure moyenne, mais la quatrième. Mon père a refusé d’entendre mes arguments (ma moyenne était excellente et m’aurait largement permis d’être première les trois années précédentes). Et j’ai commencé ma carrière dans d’autres banques privées. C’est là que j’ai appris quelques mois plus tard que les dés avaient été pipés. Mon père avait acheté, vous entendez bien, a-che-té les contenus des examens et les avait fourni discrètement à d’autres étudiants de ma promotion. Vous vous rendez compte des risques légaux qu’il a pris juste pour s’assurer que je ne lui traîne pas dans les pattes ? Il a monté un scénario invraisemblable, à dépenser des sommes énormes... Et pourquoi ? Pour humilier sa propre fille. Voilà, Monsieur Perret, le vrai Xavier Rollin-Lachenal. J’ajoute, que jamais son amour pour moi ne s’est trouvé altéré. Il était absolument certain qu’il œuvrait pour mon bien. Et le bien devait être conforme à ces principes, pour cela il était capable de tout. Oui, le roi du chemin détourné, voilà ce qu’il était. – Utilisait-il les mêmes méthodes dans ses affaires ? – Bien sûr. Il était le roi du contre-pied inutile. Il s’inventait des stratégies invraisemblables pour tromper la concurrence et il en oubliait que les entreprises qui marchent sont celles qui cultivent la simplicité. Il s’enfonçait et montait des échafaudages de plus en plus complexes... – Wilfried Kirschtein partageait votre avis ? – Soyons bien clairs. J’ai longuement travaillé en sous-main pour que Wilfried soit engagé. Mais ce n’était pas comme on l’a dit pour avoir un allié dans la place, mais plus simplement pour sauver la banque. J’étais persuadé que seul un visionnaire comme Wilfried pouvait encore sauver la situation. Je pariais sur mon avenir, sur mon héritage, pas plus. Wilfried n’est inféodé à personne et si vous croyez qu’il me confiait les petits secrets de la banque, vous vous fourrez le doigt dans l’œil ! – Pourquoi n’a-t-il pas réussi ? – Pardon ? – Wilfried Kirschtein. Pourquoi n’a-t-il pas réussi à sauver la banque ? Sylvia Rollin-Lachenal écrasa une cigarette (je remarquais au passage qu’il y avait déjà quatre mégots dans le cendrier) avec une moue mauvaise. – Parce que mon père et Armand ont refusé de lui donner la liberté nécessaire ; qu’est ce que vous croyez ? |
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