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Chapitre XI Épisode 059 |
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– On nous a dit que Rollin-Lachenal avait organisé lui-même les moindres détails de la soirée... C’est un peu curieux... Enfin, on imagine mal le directeur d’une banque décider d’autorité de la place du buffet... Agissait-il souvent de cette manière ? Kirschtein et Armand me regardent, se regardent, sans savoir qui va commencer. – D’ordinaire, dit Armand, Xavier me donnait plus de responsabilités. Je suis le seul qui ait accès à son courrier électronique et... – Mais vous vous rendez compte du ridicule de la situation ?! Le directeur décide de la place des tables et son bras droit est payé à coller les enveloppes. Parce qu’il faut le dire, Armand porte lui-même à la poste tout le courrier un tant soit peu confidentiel. Les secrétaires ne touchent qu’au tout-venant. C’est d’un archaïsme déconcertant... Kirschtein jette un oeil à son collègue, voit qu’il n’approuve pas, hausse les épaules, reprend... – Bernard n’aime pas que je parle ainsi, mais si je m’insurge, c’est surtout de voir un homme de sa qualité réduit à jouer les sous-fifres et les lécheurs de timbres. Darbellay goûte particulièrement la situation, il guette le mot sur lequel il pourrait rebondir et il m’en veut de reprendre le crachoir un peu trop tôt. – En vue de cette soirée, Rollin-Lachenal avait-il pris des dispositions spéciales ? Comment dire, était-il plus « cachottier » que d’ordinaire ? – Je ne suis pas dans la maison depuis assez longtemps pour juger de l’ordinaire. Mais son culte du secret avait quelque chose d’assez effrayant. Il ne m’a prévenu qu’après avoir envoyé les cartons d’invitation ; je n’étais même pas au courant de la teneur de son discours avant qu’il le prononce, alors que les clients de la banque me harcelaient à ce sujet. C’est dire en quelle estime il nous tenait… Bernard était au courant, notez-bien ! Bernard Armand tique un peu, joue des épaules. On dirait une tortue qui hésite à sortir de sa carapace ou à s’y enfoncer plus profondément. – Je sais que tu l’as mal pris, mais Xavier m’avait demandé de ne rien dire. Et puis je n’étais pas au courant de grand-chose. Xavier a toujours aimé garder sa petite parcelle d’information à lui, mais vous avez raison sur un point, Messieurs, il est rare qu’il se soit entouré d’autant de précautions. Tardelli, par exemple, je l’ai vu deux fois entrer dans son bureau, mais son nom n’était pas inscrit ni sur l’agenda de Xavier ni sur le programme des rendez-vous. J’ai trouvé cela curieux et Xavier s’est refusé à toute confidence. Kirschtein se passe la main dans les cheveux. – Vous voyez, nous sommes censés diriger un établissement bancaire de renom et nous avons des petits secrets de cour de récréation. Il est vrai que si Xavier m’avait mis au courant de son projet plus tôt, j’aurais tout fait pour l’empêcher de le réaliser. Il pensait réaliser un coup d’éclat. Il me l’a dit, je te le jure, Bernard, en pleine soirée, il vient vers moi et me dit « Alors Wilfried, que pensez-vous de ce coup d’éclat ? ». Je lui ai répondu que cette bourde-ci allait précipiter notre chute à tous et que son attitude me donnait une seule envie : baisser les bras. |
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