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Chapitre XII Épisode 065 |
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– T’as provoqué une perquisition dans une banque ? J’ai déjà entendu cette phrase. Valentine tout à l’heure. Pelletier maintenant. Je ne suis pas sorti de mon plein gré. C’est Valentine qui m’a mis dehors. « Quand tu fais cette gueule, là, Joss, je préfère te léguer à tes potes » Il est vrai que je ressassais un peu trop un peu glorieux après-midi. Je crois aussi qu’elle avait envie d’être seule avec P’tit-Ju. Son boulot ne lui en laisse guère l’occasion et leurs rapports ne sont pas toujours faciles... « Est-ce que c’est normal maman, que je voie Joss plus souvent que toi ? ». Oui, c’est normal petiot, dans une société qui a érigé le travail en Saint-Graal et la réussite professionnelle en aller simple vers le paradis, les mamans un peu trop talentueuses oublient leur progéniture pour parler très tard dans la soirée de projets essentiels et de réorganisation urgentes qui seront complètement oubliés l’année prochaine. Moi aussi, j’aimerais plus la voir, ma Valentine, elle se rend bien compte, parfois, de la vanité de tout ce cirque, des mois qui avancent et qui n’amènent rien, de vaines promotions, des félicitations du bout des lèvres, de la considération obligée. Mais elle a besoin de se réaliser. Qu’est ce qu’on peut dire là contre ? Elle aura le temps de regretter plus tard de ne pas avoir profité de l’enfance de son enfant. Mais c’est un débat qui ne mène à rien. « Moi, au moins, je fais quelque chose de ma vie ». Voilà ce qu’elle me jette à la face quand je lui dis que le boulot n’es pas tout. Rien à dire non plus. Bien que je n’aie jamais été convaincu qu’on puisse réellement « faire » quelque chose de sa vie... Ou alors peut-être, en la vouant toute entière à une cause. Mais je suis beaucoup trop paresseux pour ça. Résultat des courses, je la laisse une soirée avec son môme et je vais vider quelques verres. Je suis descendu à pied depuis la Servette. Café Bizarre, m’avait dit Pelletier quand je l’avais appelé. Une dizaine de minutes dans les rues avant le houblon, juste pour m’oxygéner un peu les neurones avant de raconter une nouvelle fois mon histoire. Pelletier me regarde, plus rieur que Valentine. Peut-être est-ce dû à la canette pleine posée juste devant lui ? Ma douce craignait pour mon job... Elle m’a connu chômeur et n’a pas envie de recommencer l’expérience. Pelletier, lui, se fout bien de mon statut social, c’est la situation qui l’amuse, les cadre qui s’étranglent, la gorge violette, qui estiment qu’on viole leur honneur en s’installant à leur place de travail. – Et vous avez tout fouillé, les classeurs, les mails ? – Ouais et ça n’a pas donné grand-chose... On n’a trouvé aucun contact avec l’Allemagne ni de référence récente à l’immeuble où Tardelli est mort. – Et ça va te retomber quand sur la gueule ? – Ben, demain matin, je pense que je vais me taper une convocation chez mon boss que je ne vais pas oublier de sitôt. – Mais toute cette mise en branle, ce n’est pas ta décision ? – Non, c’est Darbellay qui est parti au quart de tour. Il devait avoir une idée derrière la tête, je ne sais pas trop. – Il ne t’as rien dit ? – Non, il s’est évaporé pendant la perquisition. Je l’ai cherché, je l’ai appelé sur son portable, rien. Et tous les cadres de la banque s’adressaient à moi. J’ai bredouillé quelques excuses quand nous sommes repartis et je te jure que je n’en menais pas large. – Et qu’est-ce que tu vas faire ? – Reprendre une bière. Pour l’instant, je vois rien d’autre. |
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