![]() |
![]() |
![]() |
Chapitre XII Épisode 066 |
![]() |
|
![]() |
Oui, et bien moi, j’ai une autre idée ! Pelletier qui refuse une bière... Ça n’a l’air de rien dit comme ça ; mais Sharon embrassant Arafat à pleine bouche ou un conseiller fédéral reprenant Le temps des cerises en tutu m’auraient moins étonné. Je reste donc là, comme un con sur ma chaise, le temps de le voir enfiler sa veste. Bon tu viens ? On va où ? Ben, à ton boulot. En fouillant dans les dossiers, on finira bien par trouver quelque chose. Ô ! douce inconscience de l’artisan québécois qui vogue bien au-dessus de nos petites contingences administratives ! Euh, Claude, c’est pas trop possible là, ton truc ! Pourquoi ? Si tu veux, un poste de police, on n’y entre pas comme dans un moulin... Ben t’as qu’à dire au couillon de l’entrée que je suis un bourré que t’as ramassé dans la rue, ou mieux, un suspect que tu dois interroger. Je n’ai ni le courage ni la lucidité nécessaire pour argumenter avec ce bougre d’inlassable enthousiaste qui s’arrête à l’épicerie de la rue Voltaire, histoire de prendre quelques munitions, deux bon gros sacs plastiques plein de cannettes qu’il me tend avant de sonder les poches de sa veste en quête de ses clés de moto. Et me voilà en croupe sans casque, des bières plein les bras, derrière mon suspect du soir qui collectionne les excès de vitesse dans les rues de Genève. À Carl-Vogt, il n’aurait pas l’idée de se garer un peu à l’écart, non, c’est devant le poste qu’il plante sa moto ! T’as pas de menottes à me mettre des fois ? Va chier ! Heureusement, le gusse de réception est le moins éveillé de sa corporation. Quand je lui dit que j’ai ramené un gars pour un interrogatoire, c’est à peine s’il hausse les épaules. Je remplis la fiche d’entrée en priant pour que personne ne la regarde de trop près. Et j’entraîne Pelletier dans les couloirs. C’est d’un glauque, ici ! C’est un poste de police, Claude, pas un salon de coiffure ou un fitness ! Ouais, mais quand même... C’est juste au moment de poser la main sur la poignée de la salle de doc que je remarque une faible lumière à l’intérieur. Je me recule, regarde ma montre. Bientôt 23 heures. Qui serait assez fou pour consulter les dossiers à 23 heures ? Qu’est ce que tu fous ? me chuchote Pelletier. Y’a déjà quelqu’un dedans ! Et alors ? demande mon pote. C’est une question qui se tient, ça, finalement. J’ai annoncé ma présence en bas, donc... J’ouvre... Eh ben c’est le moment, dit Darbellay en levant les yeux d’un volumineux classeur. Il pointe le doigt vers Pelletier et demande. C’est qui lui ? Claude Pelletier. Un copain. Il est astrologue, graphologue, numérologue, ou un truc en ogue qui pourrait être utile ? Pas que je sache... Darbellay soupire, veut dire quelque chose, se ravise. Bon je ne pense pas que tu me donneras une raison intelligente à la présence de ce gusse. Alors, assied-toi, Pelletier, et si tu sais te rendre utile, donne des cours à ton pote. Il est pas gâté au niveau de la débrouille. On s’assied. Darbellay ouvre un tiroir et sort deux verres à gnôles qu’il remplit consciencieusement. |
![]() |
|
![]() |
|
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
|
![]() |
![]() |