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Chapitre XIII Épisode 075 |
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C’est une petite maison du côté de Choulex... Darbellay a tenu à se garer un peu à l’écart, pour ne pas troubler le silence. Il me glisse qu’à cette heure et dans ce coin-ci le bruit du moteur s’entendrait pire que celui d’un avion. Profitons un peu de la rosée, de l’air du matin ! Je profiterais surtout de mon lit, si tu m’en donnais le choix. Le chemin est goudronné, avec des massifs de fleurs des deux côtés. Le jardin est tenu avec un soin maniaque, pas un brin de gazon qui dépasse. Bernard Armand taille la haie avec soin. Je regarde ma montre ; il est à peine sept heures du matin. Faut que je trouve un moment pour appeler Valentine. Un bon moment même, car il va falloir la convaincre que j’ai découché pour des raisons professionnelles. La bonne blague ! Darbellay s’appuie les avant-bras sur le portail. Bernard Armand nous tourne toujours le dos. À croire qu’il ne nous a pas entendus. Vous vous êtes levé dès l’aurore, dites-moi Armand ? À moins que vous n’ayez uvré toute la nuit avec une lampe frontale. La voix de Darbellay a résonné d’un bout à l’autre de la rue. Bernard Armand sursaute, se tourne vers nous, sourit brièvement, puis s’avance, la main tendue. J’ai toujours été un lève-tôt. Mais pas un insomniaque. Puis, son visage se crispe un peu. C’est comme s’il prenait conscience de qui nous étions. Mais, dites-moi plutôt ce qui vous amène... à cette heure matinale... Nous pourrions peut-être vous le dire devant un café... Qu’en pensez-vous ? Un café, oui, bien sûr... Mais... Comment dire, ma femme est levée et... Eh bien justement, ça règle le problème. Nous ne risquons pas de la réveiller. Oui, mais... Darbellay a le sourire trop chaud pour être honnête. Il pousse le portail d’autorité. Armand s’écarte, le suit, le dépasse... Attendez un instant, je vais juste avertir ma femme. Il se glisse à l’intérieur, précipitamment. Et Darbellay me regarde, triomphant : Tu vois, Joss, on devrait toujours interroger les gens à domicile, par surprise, dans leur monde ; on comprendrait plus vite. Mon portable sonne. Je le sors de ma poche. Merde, c’est bien ce que je craignais Valentine m’a précédé. J’hésite. Darbellay m’interroge du regard. Ta régulière ou une occasionnelle ? Ben, ma copine, la vraie, enfin, ma régulière comme tu dis... Laisse-moi faire ! Il m’arrache le portable des mains. Michel Darbellay, police genevoise. Il écoute un instant, répond d’un ton sec. Non, Madame, je ne suis pas le membre d’une confrérie de buveurs, simplement le supérieur hiérarchique de votre fiancé. Il est en ce moment en planque sur une affaire d’assassinat ; il devrait apprendre à éteindre son portable et vous, accessoirement, à contrôler vos hormones. Au revoir, Madame. Il raccroche. Voilà le travail, mon petit père. T’es con, t’imagines pas comment elle va me recevoir en rentrant ! À dix contre un, je t’ai mué en héros invincible et elle te jouera le grand jeu des sous-vêtements en dentelles... On parie ? Pas le temps. Bernard Armand ouvre de nouveau la porte. Entrez, je vous en prie. Je vais préparer le café. |
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