Ceux de Corneauduc

Nonante-sixième épisode

Chapitre XIX

Le Chevalier de Vailles entre dans la chambre, le visage en joie, et se fend d’une génuflexion, balayant le sol de son chapeau poussiéreux. Il ne semble voir ni les joues empourprées de Camilla ni les morceaux de verres et la tache de liquide qui souillent le tapis, preuves de sa félonie.

– Votre Altesse, quel bonheur ! On vient à l’instant de m’avertir de votre présence. Comment vous êtes-vous tirée de ce sinistre piège ? Comment avez-vous pu vous sortir des griffes de cette blatte méprisable de du Rang Dévaux ?
Camilla Clotilda se masse l’entendement, se demandant si tous en ce bas monde perdent raison où si c’est elle qui n’est plus bonne qu’à parler aux fleurs qu’on l’enverra planter au couvent.

– Mais venez, reprend Vailles, intarissable de bonheur imbécile et qui ne cesse de dévoiler une denture moins dégarnie et noirâtre certes que celles de ses troupes mais qui suinte tout de même florilège des repas de l’année écoulée et belles taches de moisissures, laissons donc ce pauvre Duc à son sommeil réparateur. Il est tombé en héros, savez-vous ? Alors qu’il menait l’assaut au front des troupes, au bas des murailles qui vous retenaient captive.

Et il entraîne Camilla dans le couloir. Elle se laisse faire, hébétée. Ainsi, on la croyait aux mains du Baron, mais contre sa volonté, protestant de tout son honneur et de sa fidélité à son époux le Duc.

– Alors, dites-moi tout Duchesse. Contez-moi les péripéties qui vous menèrent ici !

Camilla Clotilda prend une brusque inspiration et les mots coulent de sa bouche presque trop aisément :

– Je fus sauvée, mon bon Vailles, je fus sauvée du sinistre Baron, de son donjon, et pire, de sa couche, par le prompt renfort du preux chevalier Alphagor Bourbier de Montcon, que l’on surnomme à juste titre Braquemart d’airain.

– Bourbier ? Prétendez-vous que ce fanfaron de Bourbier aurait traversé les lignes ennemies pour l’honneur du Duché ?

– Certes, il l’a fait. Et de quelle manière ! Il a ferraillé. Il a usé d’astuce et de force. Ma présence ici, en est la preuve vivante.

– Bourbier ! répète Vailles, je n’en reviens pas ! Comme on peut se tromper sur la valeur des hommes !

 
 

Pleut-il comme vache qui pisse pour remplir le Pô, faire travailler le Rhin,
remplir les trous de Bâle ou mener l’eau à Cologne ?
Qui vola la vodka et vogua dans la Volga ?
Celui qui utilise un pourboire pour manger
sait-il se comporter devant un urinoir ?
Fait-elle des grimaces devant son miroir dans l’espoir de briser la glace ?
Le prochain épisode entonnera-t-il un chant humanitaire ?