Ceux de Corneauduc

Nonante-neuvième épisode

Chapitre XX

Hector-Maubert flatte distraitement sa monture. Tant qu’il gardera son destrier auprès de lui, et surtout les armes qu’il dissimule sous sa selle et dans les petites sacoches qui pendent à ses flancs, il restera maître du jeu.

Le bucellaire tend l’oreille. Il sent une présence dans la forêt, pas celle furtive du gibier, mais bien l’ombre pesante des hommes. Des jurons étouffés, des bris de branches, lui permettent de préciser l’image. Il s’agit de chasseurs dotés de la grâce de baudets obèses, plus prompts à ficher leurs flèches dans le dos du comparse qu’à stopper la course d’un marcassin blessé, voire d’un cerf boiteux.

Hector-Maubert se saisit tout de même d’une longue corde de chanvre et d’un large coutelas. Même si les braillards en ballade ne semblent apporter péril, il n’aime guère que l’on rôde ainsi dans son dos.

Tandis qu’il noue la corde avec adresse, une voix dominant les autres se fait par instants plus nette. Cette voix, de Guincy n’a aucune peine à la reconnaître ; c’est celle de ce chevalier de fond de cuve, de cet idiot de grand chemin, plus bouffon que chevalier, qui se fait appeler Braquemart d’airain et qui se dresse depuis trop longtemps en travers de son chemin.

Hector-Maubert n’avait point vraiment l’intention de le travailler à la dague, pas plus que le gros forgeron téteur de goulot ; il n’usait guère son arme à trancher le lard de l’insignifiance. Sa fierté lui intime de ne tuer que l’adversaire de taille. Mais voilà, le bucellaire a connu trop de revers ces derniers temps. La colère lui monte aux tempes. Il est temps de laisser de côté les commandements du mercenaire. Désormais, Hector-Maubert fera place nette. Il videra la forêt de ses occupants avant de s’attaquer à l’auberge. Et cette fois, il le jure, nul assommeur ne se mettra en travers de son chemin.

Alors que les chants s’estompent puis refluent, entrecoupés de rudes braillages et d’impétueuses enjoignades au silence, Hector-Maubert s’agite, accroupis sur le sol. Il prépare le terrain.

– Venez, venez à moi, pauvres fous, murmure-t-il entre ses dents.

 
 

Écrit-on plus librement lorsque l’amitié nous lit ?
Est-ce ton thon que tante accule ?
Resterai-je ton ex pour toujours ?
Le laid savait-il qu’on dansait ?
Le prochain épisode comportera-t-il toujours ce genre de questions à la con ?