Ceux de Corneauduc

Cent deuxième épisode

Chapitre XX

La démarche molle et le litron bien en pogne, Braquemart débusque racines avec le pied et champignons avec le nez. Mais les juronnades épicées qui ponctuent trébuches, font fuir les sangliers d’une demi-lieue pour le moins.

Ils se sont séparés pour augmenter leur chance de trouver gibier. L’écho renvoie les hurlements de Raoul le rugueux et d’Émile la besogne qui imitent le cri du goret qu’on égorge afin d’attirer à eux marcassins et lièvres. Gobert, de son côté, se contente d’appeler les sangliers en criant leur nom d’une voix de crécelle rouillée.

– Bredouilles nous serons, murmure Braquemart en s’offrant une petite lampée pour se remettre les idées en places. Mais la bouteille est presque vide et cette seule vue suffit à l’attrister plus qu’il n’est possible. Quel est donc ce monde où pitance s’enfuit au moindre bruit et où liquide n’existe point en suffisance pour rassurer le cœur de l’homme ?

C’est alors qu’il entend un appel au loin. Il s’immobilise, la main bien serrée sur la bouteille. Il connaît cette voix. C’est la petite Fanchon, la soubrette que ce fâcheux de Gobert l’avait empêché de dignement trousser. La pauvre petite crie à l’amour comme la chatte abandonnée des nuits d’été. Et Braquemart se sent à la ceinture l’émotion des matins de forte cuvée. Autant laisser Gobert et les deux brigands à leurs sangliers et aller donner à cette petite la paix du corps. Braquemart marche bon pas en direction des cris.

« Il est l’heure, oh mon coeur fou
de courir le guilledoux
De chérir la jouvencelle
De trousser gentille fumelle

Il est l’heure, oh mon cœur fier
De se mettre le sabre au clair
De bousculer la pucelle
Et de vider l’escarcelle »

Il s’interrompt en complainte tant il lui paraît maintenant que Fanchon n’exprime point le mal d’amour, mais bien l’angoisse, la peur.

– Foutremisère ! Se peut-il que la pauvrette se soit blessée ? J’arrive, ma douce ! Je sais réconforter femelle en douleur.

Il écarte quelques branches et trouve petit sentier sur lequel il peut presser le pas. La petite appelle à l’aide Braquemart met la main sur son épée et court en suant à grosses gouttes.

Soudain il voit Fanchon suspendue, sous un arbre dans son filet, comme un jambon séchant chez le charcutier. Cette évocation fait poindre sourire au chevalier et aiguise son appétit.

Il avance d’un pas encore quand une corde s’enroule à son pied, et que comme par miracle sa tête s’oriente vers le bas alors qu’il est enlevé vers les nues.

 
 

Une crétine qui veut obtenir son doctorat en dormant ou une ânesse thèsiste ?
Les bourgeois épluchent-ils leur facture de téléphone
parce que la bonne ment ?
Frémis-tu des narines quand les crocs te donnai ?
Est-il bon de prendre le vent sous l’olivier ?
Le prochain épisode sera-t-il touché par ce qui t’arrivera ?