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Chapitre II |
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Épisode 007 |
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- Certes ma mie ; encore que je me demande si doux apartés sont encore de quelque utilité pour un aussi triste couple que le nôtre. - Je ne vous demande point votre avis, mon époux, juste de me prêter ouïe et de vous souvenir avec moi de notre rencontre, de la nuit où. où vous m’avez faite femme. Camilla Clotilda mit une main à son sein, leva les yeux au plafond, joua si bien la pâmoison qu’elle manqua s’affaler sur Achille le sanglier. Le duc remua d’une fesse dans son fauteuil et claqua tristement de la langue comme qui recherche longtemps après nuit douce le goût de la pêche. Il soupira et regarda son épouse avec le mélange d’attendrissement et d’agacement que l’on adresse aux enfants entêtés. - Je vous ai souvent répété, Camilla, que votre père avait eu la main fort leste sur les vins et que la vigueur de mon coude eut cette nuit-là raison de mon entendement. Je me souviens de vous avoir prise uniquement parce que vous avez daigné me le raconter, ma douce polissonne. Qu’il est difficile pour moi, en tel prédicament, d’évoquer ce temps béni. La duchesse se porta au chevet de son époux. Elle lui caressa le front distraitement. - Ne vous torturez pas inutilement, Freuguel Childeric, il reste tendresse et amour comme pont entre nous. Et ce que j’ai à vous confier saura, j’en suis certaine, vous redonner foi en votre force et en votre capacité de régner sur ce duché. - Je suis pendu à vos lèvres, Camilla. Elle détourna la tête juste à temps pour éviter un baiser. - Je vous demandais si vous aviez toujours souvenir de cette nuit quand pour la première fois nous nous unîmes et que je vous accordai à vous seul ce que toujours j’avais conservé comme mon bien le plus précieux ? - Il me semble en revoir quelques bribes, bien que je croyais avoir terminé cette turbulente soirée en écuries avec le palefrenier facétieux qui tenait tant à me faire goûter cet alcool de fruits étranges distillé par son aïeule. - Vous fûtes sublime, et en aucun moment je vous crus ivre tant vous parvîntes à combler mes désirs. Le duc posa son verre et recula la tête pour mieux considérer son épouse. Un sourcil haut levé témoignait de son étonnement et du combat qui opposait en son crâne ouïe et souvenance. - Eh ben, ma mie, si j’avais su je vous en aurais remis une couche ! - Après cette nuit inoubliable, vous repartîtes, me laissant seule à rêver de votre prompt retour. Je savais que je serais une longue année sans vous revoir et cela m’était tel dol que j’en perdis l’appétit. Mais bientôt je sentis en mon ventre quelque chose qui me combla de bonheur et d’effroi tout ensemble. Le sourcil du duc redescendit et il ouvrit la bouche, hébété, un filet de bave lui dégoulinant sur le plastron. - Je portais un enfant de vous, mais à qui hurler mon bonheur ? |
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Qui tant pète, récole le vent. | ||||
© Cousu Mouche, 2006-2007, tous droits réservés |
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