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Chapitre II |
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Épisode 008 |
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Le duc ne put retenir un tremblement. Ses mains lui parurent un instant inapte à saisir pichet et à le porter à sa bouche. - Un enfant mien? Voudriez-vous dire le saint fruit de ma chair? Je... Camilla Clotilda, ma douce, expliquez-moi, je vous en conjure ! La duchesse réprima un soupir. Que la patience était vertu mise à mal en présence de ce gros idiot ! Sainte Marie mère de Dieu soit témoin qu’elle méritait de régner en son fief et que mensonges prononcés n’étaient que juste compensation du martyr quotidien que lui imposaient sottise de Freuguel et rusticité sale de ses vassaux ! - Freuguel Childeric, mon tendre aimé, pour que je puisse vous entretenir plus avant de l’existence de notre enfant, encore faudrait-il que vous rendiez grâce au silence un instant et... - Ma mie, comprenez-moi, mon excitation est telle que... - Fermez donc votre malodorant clapet, mon époux ! Le duc se renfrogna sur sa chaise. Les femmes se permettent de ces libertés quand on ne peut plus les pilonner à la couche... Il se consola en considérant ses grosses mains calleuses qui en gifleraient de moins impudentes ! - Je portais enfant de vous, dis-je. Mais si nos corps et nos âmes étaient unis, nos vies ne l’étaient point devant Dieu. Qu’auraient dit vos sujets si j’étais arrivée en noces le ventre gros ? Alors, j’ai décidé de me faire accoucher en secret en laissant notre enfant, votre successeur, en mienne province, inconscient de son sang et de son destin. C’est là lourde faute, je le sais bien... La Duchesse jugea opportun de laisser là un silence lourd où elle laissa poindre l’une de ses fausses larmes qui lui glissaient facilement des joues lorsqu’il en était besoin. Sans compter que le porcin pileux qui lui servait d’époux peinait à assimiler plus d’une information à la fois. - Mais je pensais, mon bon ami, vigoureux comme je vous savais, que nous ne tarderions pas à donner naissance à une bonne poignée de solides héritiers... Cela n’est point. Mais à l’heure où vos cousins songent sans doute à planter leur sale bannière sur notre donjon, peut-être est-il temps de faire quérir votre fils et de dire au bon peuple que votre sang vit et s’aguerrit en province d’Italie. - Mon cour s’embrase à cette idée, mais comment nos vassaux pourraient ils croire que ce fils est nôtre, alors que pendant toutes ces années ils ne l’ont jamais vu ? Camilla Clotilda sourit finement en songeant « Puisque tu l’as cru, gros âne, les autres y croiront aussi. » - Votre épée saura faire taire les incrédules, mon cher ! Ce fils, vous saurez le défendre... - Certes, certes, dit le duc qui sentait vie lui remonter au ventre. - Reste toutefois un problème. - Lequel, ma douce ? - On ne m’a plus donné de nouvelles de ce fils depuis de longues années. Il faudrait envoyer des hommes avisés et vaillants, pour retrouver sa trace. - Ma garde ne manque pas de preux chevaliers, et vous le savez bien. - Je le sais, mais ma confiance est acquise à seul l’un d’entre eux. |
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Il faut bien que vieillesse trépasse. | ||||
© Cousu Mouche, 2006-2007, tous droits réservés |
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