Chapitre III
 
Épisode 016
 

- Ah ! l’Italie. douce Italie. J’ai tant guerroyé dans ses steppes immenses que nuit ne suffirait pas à vous narrer...

- Aussi, nous ne vous le demanderons point ! Freuguel Childeric et moi, désirons simplement que vous alliez rechercher en Italie notre fils.

Braquemart en laissa choir son godet d’étonnement, masquant ainsi le sursaut du faux rebouteux.

- Mais, comment donc ?

- En doux temps où le duc me choisit pour épouse, nous avons passé nuit en couche et j’ai donné naissance à un charmant garçon qui eut dès le plus jeune âge le regard vif et le charmant profil de son père. Or le duc et moi désirions qu’il devînt plus tard un suzerain aux idées vives et bonnes. Pour ce faire, nous avons décidé qu’il suivrait école en Italie, et qu’il serait initié à l’histoire antique et aux arts.

- Je suis contrit de t’interrompre, mon aimée, mais tu as fait là grande erreur. Crois-en mienne expérience ! Les arts ne servent foutrement à rien. Elles sont la triste excuse de ceux qui ne savent porter dignement l’épée ou le blason.

Camilla Clotilda toisa son époux d’un air d’infini mépris. Le duc, n’y prit garde, le nez à ras son verre, humant le divin breuvage.

- Je ne vous demande point votre avis, Childeric. Monsieur le Chevalier de Montcon, je vous somme de prendre prestement la route. Vérone n’est point tout à fait l’huis du voisin et il est l’heure à présent de présenter notre fils à son peuple et de calmer ainsi quelques sinistres ambitions qui se font jour du côté de Cassone.

Elle sortit alors feuillet de son corsage.

- Prenez grand soin de cette missive, elle vous dira la route à suivre et vous donnera le nom de celle chez qui vit l’héritier. Elle porte notre sceau. Il vous permettra de réclamer notre dû.

Braquemart se saisit de la lettre avec dévotion et, s’inclinant un peu brusquement, manqua choir et donna du nez contre le corsage de la duchesse.

- Et comment se nomme le petit duchet. duquinet. duquillon. votre descendance ?

La Duchesse se rembrunit et toisa lentement son vis-à-vis, comme doit le faire noble dame quand elle n’a point encore idée de l’excuse qu’elle va servir.

- Apprenez, chevalier, que le privilège d’appeler l’héritier ducal par son prénom est réservé à sa mère. Je croyais que vous aviez plus d’usage et de politesse !

-Vous me voyez confus, votre sérénité. Mes séjours en terres sauvages m’ont fait oublier certains us. J’ose espérer que vous ne m’en tenez pas rigueur !

Le duc les observa l’un et l’autre et tapa violemment du point sur la table, faisant sursauter de Villenaves.

-Il suffit ! Assez de palabres ! Ramenez mon fils, de Montcon, c’est là tout ce que l’on vous demande !

 
 
Argent content, la fortune sourit.