![]() |
||||
![]() |
||||
Chapitre III |
||||
Épisode 017 |
||||
On avait congédié le rebouteux en lui octroyant juste récompense : deux sols, un bol de soupe et un quignon. Eustèbe Martingale l’attendait à la sortie, le nez inquisiteur et la dent curieuse. Il arrêta les deux hommes chargés d’escorter Hugues-Godion de Villenaves d’un geste péremptoire. - Laissez-le-moi, laquais, je raccompagnerai cet homme moi-même. Quand il se retrouva dans les appartements de Martingale, de Villenaves se laissa choir incontinent dans un profond fauteuil et exhala un râle. - Ce sanglier a bien failli avoir ma peau ! Je suis perclus et perds mon sang par mille plaies. Mais votre traitement a fait merveille. le cochon était fort vif après que je le lui aie administré. Qu’était donc cette poudre magique ? Martingale s’aspergea d’une fine bruine d’une eau de santal qu’il importait d’orient à fort prix. Il avait toujours vénéré toutes ces essences parfumées qui avaient le pouvoir de cacher le rustre en l’homme, qui étaient la marque de la civilité et du progrès et qui, un jour, lui ouvriraient toutes grandes les portes de la cour auprès du roi même. Il reposa le coûteux flacon et se retourna vers de Villenaves. - Du gros sel, cher ami ! Maintenant dites-moi ce que vous avez appris. L’homme de tête de Fargerand s’épongea le visage avec un mouchoir. Il grimaçait à chaque nouveau maculage sanglant qu’il y découvrait. - J’ai appris des choses très intéressantes mais qui ne sont pas du tout bénéfiques pour les projets de mon maître et de son frère. Le couple ducal ont un héritier ! - Fi donc ! Il vient de mourir en couche ! Ils vous ont chanté calembredaines et galéjades ! - Non, il semblerait que ces rustres impies aient conçu un enfant avant leurs épousailles. L’héritier serait en Italie et ils ont mandé ce bravache, ce Braquemart d’Airain, pour l’aller quérir. - Foutaises, je vous dis. Je ne crois point à ce boniment. La duchesse tient juste à gagner du temps. Je ne la crois pas assez stupide pour envoyer en quête de son héritier ce malcapable. C’est une fausse piste, une diversion. Hugues-Godion de Villenaves réfléchit un instant en se tapotant la tempe de son mouchoir finement brodé. - C’est donc qu’elle se doute de quelque duplicité dans son entourage. Je puis vous assurer, Martingale, que mon Maître ne sera guère heureux d’apprendre que vos assurances ne valent pas pet de bouc, et que, lorsque vous vous prétendez l’oreille la plus sûre du duché, vous vous voyez bien plus haut que vous n’êtes. Eustèbe Martingale encaissa le coup aussi dignement que sa face cramoisie le permettait. Sa pomme d’Adam fit quelques sursauts dans petite gorge de dinde. - Ne vous en faites donc point. Nous ferons suivre le chevalier de Montcon. Il n’a nul fait d’arme derrière lui, et toute personne un peu instruite sait que dernière croisade en terre sainte eut lieu en des temps ou les pères de nos pères de nos pères n’étaient point nés. Deux vaillants mercenaires suffiront à intervenir si réellement héritier il y avait. - Nous lancerons mercenaires à ses trousses, Martingale. Mais je délierai bourse pour quatre hommes sans foi, ni scrupule, ni loi. Sur ce, dites à vos laquais de me faire ouvrir les portes. Il faut que je rende compte de mes découvertes à mon maître. - Certes. Et. que lui mentionnerez-vous à mon propos ? - Je crois qu’il vaudrait mieux que je ne lui dise aucun mot à votre triste sujet, Martingale. |
||||
On ne peut imaginer la Baïse sans Condom. | ||||
© Cousu Mouche, 2006-2007, tous droits réservés |
||||
![]() |