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Chapitre IX |
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Épisode 047 |
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À la nuit tombante, Paupière et Le Roulis firent venir Gobert et Alphagor à tribord. - Messieurs, nous longeons les côtes italiennes et touchons au but de notre voyage. Braquemart prit forte golée pour fêter l’événement. Le Roulis lui tendit une longue vue et lui désigna un point sur la côte. - Voyez-vous le gros rocher en forme de corne, chevalier ? - Mon ami, Gobert Luret, ici présent, est plus connaisseur en ce domaine. Mais, malgré tout, il me semble le bien discerner. - Sur la gauche de ce rocher, vous trouverez une petite crique où vous pourrez accoster. - Accoster, comment cela accoster ? ! Le Roulis demeurait très calme, pourtant, Braquemart se sentit frissonner au seul ton de sa voix. - Il est temps pour vous de payer cette petite traversée. Paupière était passé derrière eux, muni d’une arquebuse qu’il pointait droit vers le ventre de Braquemart. Dans sa main gauche, un bougie prête à allumer la mèche. - Payer, mais payer comment ? - Oh, très simplement, mon ami. À la force de vos bras. Nous allons charger une chaloupe avec des caisses que nous avons entassées en cale et vous ramerez jusqu’à la crique. À vingt pas du rivage, sur la gauche, vous trouverez l’entrée d’une caverne masquée par quelques buissons de ronces. Vous y traînerez les caisses que vous dissimulerez sous des branchages qui vous trouverez sur place. Vous ferez autant d’allers et retours qu’il faudra pour que la cargaison soit tout entière à terre. Braquemart se rengorgea. - Mais ce n’est point là digne tâche pour un chevalier. Dois-je vous rappeler qui je suis, capitaine ? Paupière remonta l’arquebuse et l’appuya contre le front de Braquemart. Sa glotte fit un nœud et il se tut. - Quand vous aurez tout déchargé, vous prendrez le sentier qui remonte la falaise et vous irez à travers champ jusqu’au village qui a pour nom San Albertino. Vous n’aurez pas même besoin de chercher. Vous frapperez à l’huis de la première maison et vous demanderez Pietro Alfonsi. À ce noble homme, vous direz que la marchandise est en place ; et tandis qu’un de ces amis ira vérifier vos dires, il se peut qu’Alfonsi, mis de bonne humeur, vous offre petit verre de la goutte qu’il tire de sa vigne. Voyez que votre mission n’est point si affreuse que vous auriez pu l’imaginer. Seul vos bras seront sollicités pour charger ces caisses. - Et si nous jetions simplement les caisses à la mer pour aller plus vite, dit Braquemart furieux d’être ainsi manouvré. - Pietro Alfonsi attend une livraison. Et lorsqu’il ne reçoit pas ce qu’il désire, il ne fait guère de quartier. Il y a sous terre bien des hommes qui se crurent plus malin que lui et qui n’eurent pas le temps de s’en vanter. Peu importe où vous irez, il vous trouvera. Vous êtes ici sur ses terres. |
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Quand tu ne sais que dire, t’es toi.
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© Cousu Mouche, 2006-2007, tous droits réservés |
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