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Chapitre XI |
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Épisode 059 |
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Hérard Stebouf s’était avancé à vingt pas et avait lancé son couteau, le geste sûr. L’arme s’était fichée dans le cou du colosse italien. Hérard se tourna vers son frère avec un sourire complice. Pippo, poussa un cri de rage. Il considéra un instant la pioche qu’il venait d’arracher à son épaule. Il jura, visa l’étranger et lança l’outil qui tournoya dans les airs. Le sourire de Hérard se transforma en grimace lorsque le fer lui transperça la poitrine. Il jeta un dernier regard à Greult et s’écroula dans les herbes hautes. Braquemart tirait sur son épée à s’en rompre l’épaule. Trop de cruchons renversés sur le fourreau avait dû y rouiller la lame. Pippo en profita et se rua sur le chevalier, tête baissée. L’impact envoya Braquemart valdinguer mais lui permis de dégainer enfin sa lame. Il frappa du tranchant la poitrine de Pippo. Mais la main du colosse se referma sur son poignet et l’immobilisa incontinent. Il était à deux pouces de tuer et ne le pouvait. Les doigts de l’Italien lui concassaient le bras lui arrachant un gémissement peu viril. Braquemart se refusait pourtant à lâcher son arme même si sa pogne n’était plus que pauvre chiffe dont tous les os grinçaient comme vieille ferraille que l’on redresse à coups de pierre. De son bras libre, il tenta de se dégager mais, ce faisant, il oubliait que l’Italien avait deux mains lui aussi. Pippo lui martelait méchamment la face. Penché sur son frère, Greult ne disait mot. Mais la lueur dans ses yeux en disait plus long qu’évangiles. Il ravala ses larmes, il pleurerait son frère plus tard. Vengeance attend moins que deuil, quoiqu’en disent faiseurs de proverbes. Courbé dans les herbes, son fil de fer entre les mains, il s’avançait prêt à cisailler le cou de l’Italien. Son cour tapait contre ses tempes en appelant au sang. Braquemart se défendait comme il pouvait, ruait, jouait du coude et des genoux, mais il avait mauvaise impression qu’il n’assénait que chiquenaudes sur un adversaire fait de roc. Il tenta de protéger son visage, mais un coup fort dru en son gaster lui coupa souffle et force. Un coup mieux asséné encore, il avait lâché son arme et tombait sur le dos perdu dans un brouillard rouge et gris. Pippo se pencha et ramassa son épée. Greult Stebouf s’approchait par derrière. Il sauta bras tendu pour passer son filin autour du cou de Pippo. Mais celui-ci s’en débarrassa d’une ruade et l’envoyer voler cul par dessus tête sur le dos de Gobert au fond de la fosse. L’Italien se dressa au-dessus de Braquemart, l’épée haut levée. - À toi de jouer, dit Hugues-Godion en poussant Ménotoire dans le dos. Baptiste courut à travers champ, à grandes enjambées. Il ne fallait pas laisser tuer le chevalier soiffard. À plein corps, il se jeta sur Pippo, faisant fi de son arme. L’épée ne servait plus à rien contre un tel adversaire. Pippo s’en délesta pour affronter au poing ce nouvel assaillant. Ménotoire était de taille et nullement manchot. Les deux hommes s’assénaient des coups de titan, à assommer aurochs et ours. Mais si les nez pissaient bon sang et si la peau violaçait après l’impact, aucun des deux hommes ne voulait rendre conscience et s’avouer vaincu. À petits pas, Hugues-Godion traversa le champ et ramassa l’arquebuse. Il prit temps de consciencieusement tasser la poudre dans le canon, avant de s’approcher des deux lutteurs et d’apposer le canon de son arme sous le nez de l’Italien. Il ne trembla pas, lui non plus, à l’instant d’allumer la mèche. |
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Cogne, ça attendrit ! | ||||
© Cousu Mouche, 2006-2007, tous droits réservés |
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