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Chapitre XII |
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Épisode 067 |
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- Crois-tu que nous devrions intercéder en leur faveur, Alphagor ? Après tous ces pisse-sans-joie nous ont tout de même conduit jusqu’ici et aider à garder vie sauve ! - Que veux-tu que nous fassions ? Nous ne savons nul mot que ces braves gens comprennent. Et puis, ils ne sont ni les premier ni les derniers à se faire travailler le lard en taverne. Digne homme n’en meurt pas ! - Ces braves paysans me semblent toutefois ne pas y aller de morte main. La tête du gros ressemble déjà à une aubergine ! - Je suggère plutôt que nous profitions de ce qu’ils n’ont plus l’oil à nous pour leur fausser compagnie. Je t’avoue que je m’en sentirais plus à mon aise sans leur présence en mon dos. Leur bonté et leur aide m’ont toujours laissé aigre goût au palais. Gobert considéra son godet, l’air contrit. - Je reconnais mille fois que ta voix est celle de raison. Mais, vois-tu, après avoir eu tant soif, j’ai quelque peine à m’imaginer quitter table avant d’être ne serait-ce qu’étanché au quart. - Vérone et devoir nous attendent, dit Braquemart en s’enfilant godet si vite qu’il n’en sentit ni force ni goût. N’oublie pas que nous nous devons au duché. - Le chemin du nord peut-être serait à votre convenance ? Les deux amis sursautèrent. Ils avaient à peine remarqué, tassé contre le mur, l’homme sans âge et sans épaisseur qui vidait son cruchon, peu empressé, l’oil à la salle, le sourire fin, les lèvres à peine desserrées. - Foutredieu ! Vous parlez langue nôtre ! ? L’homme eut un franc sourire. Il s’approcha car on ne s’entendait guère au milieu des coups et les hurlements. - Je connus foire de Lyon autrefois, et même femme de Lyon ; et il est fort probable que partie de mienne descendance boive même vin que vous et emploie même juron. Mais il n’est pas temps d’ainsi parler du passé. J’évoquais le chemin du nord car il passe par des montagnes peu fréquentées. Il vous permettra sans doute de semer vos peu appréciables compères et vous offrira haltes en bergeries accueillantes où le manger et le boire ne manquent guère. - Non seulement tu parles langue nôtre, l’ami, mais tu sais en user à bonne convenance. - Tenez à pas deux lieues vous trouverez cabane de berger dont le cellier n’a rien à envier à belle cave lyonnaise. Le vieil homme et sa fille sont des plus accueillants pour l’étranger. Nul à ma connaissance ne s’est jamais fâché avec eux. Et le vieillard est celui qui distille la gnôle que vous eûtes l’honneur de boire séant et qui est la gloire de la région. À ces mots, Gobert et Braquemart se levèrent comme un seul homme, posèrent piécettes sur table et sortirent de salle sans un oil pour le martyre de Hugues-Godion et de ses hommes. |
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Relaxe. | ||||
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