Chapitre XIII
 
Épisode 070
 

Gabriella guida Braquemart jusqu’à la petite grange. La lune qui éclairait faiblement la cour ne franchissait pas le seuil du petit appentis. Ils firent quelque pas à l’intérieur et une chaude odeur de foin réconforta le cour de Braquemart.

On n’y voyait goutte. Une forte poussée l’envoya choir dans une meule. Le foin était tassé de telle sorte qu’il y trouvait tout confort tant il épousait la forme de son dos ; il n’était pas le premier à gésir en telle couche !

- Sortez vite votre vit, noble chevalier, je sens forte émotion qui m’échauffe le bas du ventre !

Et tandis que Braquemart battait inutilement des mains, empêtré dans son habit, elle défit sa cotte et un parpal laiteux jaillit dans l’obscurité, éclairant presque le lieu de sa blancheur opalescente.

Braquemart reçut cette vision droit dans l’oil et sa vue se troubla. Il se frotta les yeux à pleines pognes. La jeune dame retira sa robe et s’avança nue, vers lui, ondulante comme une anguille.

- Foutredieu ! Que voilà belle aubaine, songea Braquemart ! Cette garce toute chaude et grasse comme poularde pour mon festin. Il ne me manque que golée de forte gnôle pour me fouetter le sens !

Mais de gnôle, point il n’en avait. Cette dernière pensée lui arracha soupir. Et le moment était mal choisi pour en demander à la jeune fille qui se penchait pour défaire l’aiguillette de son haut-de-chausse. Braquemart fit contre mauvaise fortune bon cour et porta mains jusqu’à la poitrine qui dansait à sa barbe. Il la soupesa en connaisseur.

- Que voilà avenants tétins !

- Et que voilà forte rapière !

- Que dites-vous, donc, bel enfant ?

Mais déjà Gabriella enfourchait le chevalier. Elle poussa une clameur et se mit à piquer des deux pour un trot forcené.

- Mais que vous êtes roide, que vous êtes roide, chevalier !

- Bra. Braquemart d’airain, pour v. vous servir !

Sa poitrine sautait de droite et de gauche et Braquemart suivait des yeux le mouvement de chaque tétin blanc, bouche béante, hypnotisé. Il subissait la tourmente, immobile, enfoncé dans le foin, les mains bien cramponnées aux hanches de la belle qui mugissait son plaisir.

La jeune fille s’activait avec tant de fougue que le foin volait en tout sens et que Braquemart était secoué comme un prunier. Il serra les dents. Gabriella passa au grand galop et se mit à jurer dans sa langue maternelle.

- Porqua madonna, bastardo, mio amore ! Maa ! Maaaaaaaaa ! Maaaaammmaaaaaaaa !

Elle poussa un long hululement, se cambra à se rompre l’échine, puis s’écroula, pantelante, sur le côté, ses membres jetés pêle-mêle. Le calme retomba dans la grange alors que les derniers fétus finissaient de virevolter dans l’air surchauffé.

- Mio salopio, tu m’as tuée ! Jamais je n’avais monté telle verge !

Braquemart se secoua, un peu et se rajusta, digne. Il s’éclaircit la gorge et dit d’une voix mâle.

- Un chevalier est toujours prêt à rendre honneur comme il se doit aux gentes dames. Je vous laisse reprendre vos sens, fière amazone, et je vais aller éteindre le feu que vous allumâtes en moi en tétant autre sein que le vôtre. L’homme preux sait quand passer du cul de la beauté au cul de la bouteille.

Gabriella peinait à reprendre souffle et sa poitrine se soulevait et s’abaissait comme soufflet de forge. Braquemart la recouvrit de sa robe puis lui claqua affectueusement la croupe. Il sortit de la grange.

Dehors, il haussa les épaules et se dit que ce qui n’était point gagné en plaisir, l’était en légende ! Il essuya le pommeau de son épée.

 
 
Bande qui peut.