Chapitre II
 
     
 
Épisode 003
 
     
 

D’un pas pressé, Nicky se dirigea vers l’hôtel. Sale temps. Chaque fois qu’il venait ici, il pleuvait. Désorienté, il scruta les alentours. La ville avait changé depuis son dernier séjour qui remontait à combien ? Six, sept ans ? Il ne reconnaissait plus rien. Des boutiques de luxe s’étalaient le long de l’avenue offrant aux passants des articles que la plupart d’entre eux ne pourraient jamais se payer.

Le poids de son sac de voyage l’incita à faire une pause à l’abri d’un auvent. Une boutique proposait des rabais extraordinaires, des soldes uniques. Dans la vitrine, une vendeuse s’activait sans se départir de son sourire de fonction. C’était l’heure de la fermeture. Il saisit son sac et se remit en route. La pluie fine transperçait son imperméable qui pendait le long de ses jeans durcis par l’humidité et le froid.

Lorsque la porte tournante l’éjecta dans le hall de l’hôtel, une brume épaisse et lumineuse le submergea. La buée sur ses lunettes. Nicky retint sa respiration et attendit que sa vision s’éclaircisse. L’employé planté derrière le comptoir de la réception trouva étrange cet homme figé avec ses cheveux plaqués sur le devant du crâne et ses habits dégoulinants sur le parquet immaculé de l’entrée. Oui, c’est surtout ça, les traces de pluie laissées sur le parquet, et aussi le crissement de ses chaussures détrempées. Et le journal, il avait demandé un journal. C’est surtout ça qu’il raconterait à la police le lendemain, lorsqu’ils l’interrogeraient.

Chambre 325. Nicky entra et s’avança au centre de la pièce plongée dans la pénombre. Il alluma au moment où la porte claqua derrière lui. La fenêtre était restée entrouverte. Il la ferma soigneusement, se débarrassa de ses habits mouillés et s’écroula sur le lit. Il se sentait vidé. Pas seulement par la fatigue du voyage mais par ce qu’il devait encore faire ce soir. La rencontre avec Claude.

Le lit était moelleux. Il s’endormit. Et se réveilla en sursaut. Il regarda sa montre. Huit heures dix. Il n’avait pas de temps à perdre. Il prit une douche rapide, s’habilla, nota une adresse dans son calepin, fit un bref téléphone, et sortit dans la nuit. Il pleuvait toujours. Fermant la ceinture de son imperméable, il se dirigea vers la galerie.