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Chapitre VI |
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Épisode 018 |
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- Je vous tiendrai au courant du déroulement de l’enquête, encore toutes mes condoléances. Robin reposa doucement le combiné. Son bureau était jonché de papiers. Fax, pense-bêtes, feuilles déchirées, notes. En soupirant, Robin dénicha une feuille blanche dissimulée sous un tas et transcrivit son entretien téléphonique avec la sour de la victime. Dès les premiers mots, Robin sut que la brigade criminelle de Rome avait contacté la jeune femme pour lui annoncer la mort de Nicolas. Elle avait la voix de ceux dont la vie vient de basculer. - Votre frère vous a téléphoné depuis son hôtel, hier soir, n’est-ce pas ? - Oui. - Que vous a-t-il dit ? - Il semblait très excité. Il parlait vite et je l’entendais mal. Finalement, j’ai compris qu’il était venu à Genève pour parler à Claude. - Pourquoi, que voulait-il lui dire ? - Je ne sais pas exactement, mais Nicky m’a parlé d’une émission qu’il avait vue la veille à Rome. Un documentaire. Attendez, oui, je me souviens, un journaliste avait reconstitué l’affaire de la station service. Nicky avait été choqué par cette parodie. Hier soir, il m’a répété plusieurs fois : « Non, ce n’est pas possible. Paolo n’aurait pas joué au héros. » - Est-ce que vous savez ce qu’il voulait dire par là ? - Il faisait peut-être allusion au drame qu’il avait vécu enfant dans une épicerie. Un homme, le gérant du magasin avait été agressé par un petit voyou qui lui avait pointé son arme sur la tempe en lui demandant l’argent de la caisse. Le gérant connaissait son agresseur, un jeune paumé qui zonait souvent dans le quartier. L’homme a joué au papi qui se moque gentiment des menaces d’un môme, et il a voulu lui prendre son pistolet. Mais le voyou a paniqué et a tiré. Plus tard, il a dit aux policiers que le coup était parti tout seul, qu’il n’avait pas eu l’intention de le tuer, pas pour de vrai. Pourtant l’homme était bien mort. - Et votre frère avait assisté à l’agression. - Oui, avec Paolo. ***Deux heures plus tard, un coursier lui apporta la cassette. Avec l’aide du service d’archivage de la TSR, Robin avait rapidement obtenu une copie en version française de l’émission dont lui avait parlé Laura. Il sortit la cassette de son étui et lut le titre : « Où sont les coupables ? », une co-production TSI-RAI. Robin s’enfonça dans son siège. La nuit s’était installée dans le bureau qui vibrait au rythme des portes qui claquent. Il était trop tard pour demander à un collègue de faire des heures supplémentaires. Robin contempla la cassette comme si elle allait lui souffler la décision à prendre. C’était une pièce à conviction et le règlement voulait qu’il soit accompagné pour la visionner. Mais Robin n’était pas un flic obsédé par le respect des procédures, il était obsédé par la recherche de la vérité. Le voyant rouge du magnétoscope clignota lorsqu’il introduisit la bande. |
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© Cousu Mouche, 2007-2008, tous droits réservés. |
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