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Chapitre VIII |
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Épisode 032 |
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Son audace le fascinait, un sentiment de puissance l’envahissait, coulait dans ses veines comme un flot d’alcool fort après une période d’abstinence. Il était invincible. Rien ni personne ne pouvait l’atteindre dans sa détermination. Sa cause était noble. Galvanisé, il sortit de l’ombre des buissons pour guetter une proie susceptible de faire l’affaire. Un petit maigrichon de préférence. Raoul enleva son blouson, le jeta sur son épaule et alla s’asseoir sur un banc. Juste devant lui, des jeunes gens jouent une partie d’échecs. Un d’entre eux se tenait en retrait du groupe et alluma une cigarette en scrutant les alentours. Lorsque son regard croisa le sien, Raoul lui sourit. Le garçon s’approcha et se laissa tomber sur le banc. Il rejeta la tête en arrière offrant son cou gracieux à la chaleur du soleil. Raoul se retint pour ne pas caresser cette peau offerte. Elle était si lisse et semble si douce. Alors le jeune mec parla. - Je ne t’ai jamais vu par là. Raoul est surpris par la voix grave du garçon. - Non. Je suis de passage. - Tu as de la chance, moi ça fait vingt ans que je crèche ici. Et alors, le mec se mit à rire, un rire juvénile, joyeux. Insupportable. Raoul se leva et très vite lui dit : - Tu veux faire un tour, j’ai ma bagnole garée à l’angle de la rue. Le jeune mec s’arrêta net et dit en feignant de lui caresser la joue : - T’es un rapide toi. Note que j’ai rien contre, mais j’attends de voir ta caisse avant de me décider. Reste ici, je vais avertir mes copains. - Non, ne leur dis rien, je préfère que l’on s’éclipse discrètement. - Oh, oh, des petits secrets. T’aurais pas une bonne femme qui traîne dans ta chambre d’hôtel par hasard ? Non pas que cela me gêne, au contraire, ça corse l’affaire et ça pimente les prix. Raoul coupa court à son nouvel éclat de rire en l’entraînant vers le minuscule portail qui donnait sur la ruelle adjacente. Le soir, en arrivant à l’appartement des femmes, Raoul était en pleine forme. Il avait baladé le mec pendant deux heures, lui racontant des anecdotes sur son boulot de cambiste. Génial l’idée du cambiste. Le matin même il avait lu un article sur un gars qui en quelques heures avait récolté une somme lui permettant de s’acheter une maison. Raoul n’avait pas vraiment compris le sens de l’article, mais il avait retenu la grosse somme. Il avait repris cette histoire à son compte pour gagner la confiance et le respect de cet abruti. Plus tard, il l’avait débarqué au centre ville en lui donnant rendez-vous pour le lendemain. Il avait passé le reste de la soirée avec ses copains à écumer des bières et à casser du sucre sur la société en général et leurs patrons en particulier. Maintenant, à l’abri dans la pénombre du garage, il remettait soigneusement les plaques d’origine sur la voiture et cachait les autres sous une bâche. |
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