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Chapitre XIII |
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Épisode 058 |
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En arrivant dans son cabinet, David se laissa tomber sur le fauteuil réservé à ses patients. La nuit s’infiltrait par les jalousies entrouvertes et il savoura le calme de cette pénombre. Il était passé pour régler des dossiers en attente avec son assistante, mais elle avait profité de son absence pour partir plus tôt. Tant pis, de toutes façons, il n’avait pas l’énergie pour s’occuper de la paperasse maintenant. Il avait la main sur la bouteille de whisky lorsque son portable sonna. C’était Philippe qui voulait passer le voir. D’accord, il l’attendait. David repoussa la bouteille, il boirait plus tard. La sonnerie de la porte d’entrée le tira de sa somnolence. Il alla ouvrir en baillant, et retourna s’asseoir avec un Philippe volubile qui semblait avoir oublié leur querelle de la veille. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas vu son ami aussi bavard. - J’ai signé un contrat avec un nouveau client cet après-midi, une grosse fortune. Cette affaire tombe bien, tu sais que nous agrandissons nos locaux et les travaux coûtent très chers. - Ta banque est une valeur sûre. Je me souviens que Paolo parlait de toi comme le dernier gardien de coffre fiable dans le panier de crabe de la finance locale. Philippe se dirigea vers l’armoire, sortit la bouteille de whisky et versa deux généreuses rasades. - Paolo me manque. Non seulement comme collaborateur, mais aussi comme ami. L’alcool fit rapidement son effet, David se sentait mieux. Il dit sur un ton amical. - Pourtant vous n’étiez pas toujours d’accord. - C’est vrai. Il était impulsif et prenait parfois des décisions importantes sans consulter le conseil d’administration. David sourit intérieurement. Le conseil d’administration c’était Philippe entouré de quelques rigolos qui lui mangeaient dans la main. D’ailleurs Paolo s’était souvent moqué d’eux. David lui dit : - Vous vous étiez même battus, ce qui avait rendu Claude furieuse. Elle ne comprenait pas comment deux adultes responsables pouvaient en arriver là. - Claude est une femme adorable, mais à l’époque, elle était obnubilée par son mari. Elle se laissait aveugler par ses qualités et ignorait ses défauts. C’était d’ailleurs à cause d’elle que nous nous étions disputés. - Pourquoi ? Philippe contempla le fond de son verre et le reposa avec un bruit sourd. - Paolo avait une femme magnifique, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’en séduire d’autres. Je lui avais fait une remarque qu’il n’avait pas appréciée. Mais je ne me souviens plus exactement de quoi il s’agissait. David n’insista pas, mais il eut l’impression que Philippe se souvenait parfaitement du motif de leur querelle. - A propos, comment s’est passé l’entretien avec Lilie et l’inspecteur ? Sans révéler de détails, David lui résuma la scène que Lilie avait mimée. - Aurélie a grandi, ses souvenirs se sont précisés, elle comprend mieux aujourd’hui se qui s’est passé. C’est pour cela qu’elle a accepté de nous raconter son histoire. Je crois que son état va s’améliorer. Mais il faudra du temps. Pendant cinq ans, elle s’est conditionnée pour ne rien dire, maintenant elle doit réapprendre à parler. - Penses-tu qu’elle pourrait reconnaître l’homme qui a tué son père ? - Non, je ne crois pas. Maintenant elle sait que c’était un personnage masqué, non un monstre, mais si elle a vu ses yeux et ses dents, je suis presque certain qu’elle n’a pas vu son visage. |
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© Cousu Mouche, 2007-2008, tous droits réservés. |
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