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Chapitre XIV |
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Épisode 064 |
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Robin allait sonner une deuxième fois lorsque Claude vint lui ouvrir. Il ne l’avait pas revue depuis l’entretien avec sa fille, et il fut frappé par son changement. Elle semblait plus gaie, plus belle aussi. En pénétrant dans la galerie, Robin remarqua les dizaines de tableaux soigneusement étiquetés, accrochés aux murs de la galerie. Au centre de la pièce une estrade faisait face à plusieurs rangées de chaises parfaitement alignées. Claude avait suivi son regard. Notre vente aux enchères annuelle aura lieu demain soir. C’est un événement important pour la galerie. Robin se débarrassa de sa veste, posa son écharpe sur le bras du canapé et dit : Monsieur Maudet a décidé de vendre son tableau préféré ? Etonnée, Claude vit l’inspecteur se diriger vers le Friedrich, elle ignorait qu’il s’intéressait à la peinture. Oui. Il offre un magnifique voyage à sa femme. La vente du tableau aidera à le financer. Les Maudet ont également le projet d’ouvrir une galerie à Rome. Ils ont besoin de fonds pour le concrétiser. A première vue, les couleurs semblaient s’enchevêtrer sans ordre apparent. Robin était fasciné par ces taches lumineuses. Seul le personnage noir face à la mer restait intact, comme si le chaos des couleurs environnantes ne le concernait pas. Robin murmura : Il doit être très amoureux de sa femme pour sacrifier son plus précieux tableau. C’est vrai. En reculant, Robin observa les couleurs se replacer dans le paysage. C’est incroyable. De près, ce tableau ne ressemble à rien, des taches colorées au hasard d’une toile. Par contre, dès que l’on s’éloigne, la structure du paysage jaillit des couleurs. Il se tourna vers Claude et lui dit : Comme dans une enquête. Des indices éparpillés qui petit à petit s’organisent pour faire apparaître la solution. Mais Claude n’était pas d’humeur à disserter sur les méthodes d’investigation de la police, elle avait encore plusieurs téléphones à faire pour organiser la vente. Elle ajouta : A propos d’enquête, où en est celle du meurtre de Nicky ? A regret, Robin se détacha du tableau et alla s’asseoir sur le canapé. Difficile de vous répondre. Aucun élément nouveau n’est venu alimenter la théorie du meurtre crapuleux exécuté au hasard d’une ruelle déserte. Au contraire. Les différentes pistes mènent à Paolo. Quelqu’un voulait empêcher Nicky de parler. Le meurtrier a dû agir vite. Comme pour Paolo. Robin regarda Claude. Son visage était tendu, elle attendait qu’il lui confirme le hasard, la malchance du meurtre de l’homme qu’elle adorait. Alors Robin se mit à parler doucement, comme s’il s’adressait à une enfant. J’ai passé ces deux dernières semaines à m’imprégner de l’affaire de la station-service. Photos, interrogatoires, indices retrouvés sur les lieux du crime, déposition des proches, articles de journaux. J’ai découvert des éléments négligés par l’enquête qui méritent d’être examinés aujourd’hui. Il ajouta rapidement. Ne vous emballez pas. Ce sont des pistes de travail. Cinq ans se sont écoulés. Le meurtrier a eu cinq ans pour effacer les traces de son crime. Claude se laissa tomber sur une chaise face à l’inspecteur. Elle n’était pas vraiment étonnée par son hypothèse. La violence du meurtre de Paolo transpirait la haine et la vengeance, mais Paolo n’avait pas d’ennemi, tout le monde l’aimait. |
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© Cousu Mouche, 2007-2008, tous droits réservés. |
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