Chapitre XIV
 
     
 
Épisode 068
 
     
 

Arrivé chez Norbert, Raoul déballe ses affaires et pose sur le lit une petite valise en cuir brun. Il est content de son achat. La valise pourrait être celle d’un prof, quelconque et usée. La clef tourne facilement dans la serrure fraîchement huilée. A l’intérieur, un pistolet repose sur un support en plastique noir. Raoul ne connaît rien aux armes. Il a choisi le moins cher. Aucune importance. Le vendeur a joint quelques balles. Raoul prend la boîte et hésite à en glisser une dans le chargeur. Finalement, il repose la boîte. Il s’en occupera plus tard, pour le moment, il a autre chose à faire.

***

Confortablement installée dans son lit, Carmen réfléchissait en regardant les nuages qui couraient dans le ciel bleu.

Lorsque Maria était venue la chercher à l’hôpital, Carmen n’était plus aussi sûre de vouloir rentrer avec elle. Elle se sentait lâche et se faisait du souci pour Raoul. Qu’est-ce qu’il allait devenir ? Il serait furieux en lisant sa lettre et elle ne voulait pas le fâcher. Mais Maria avait raison, il devait lui prouver qu’il voulait changer. Et pour cela, elle devait le laisser se débrouiller seul. Mais voilà, Raoul était incapable de se débrouiller seul et elle craignait qu’il profite de cette situation pour faire d’autres bêtises. Il était influençable et elle se méfiait de ce mystérieux copain qui l’hébergeait. Au moins, il n’était pas à la rue, ce qui la rassurait un peu. Elle ne supportait pas la vision d’un Raoul pelotonné sur un banc dans un jardin public.

Maria entra dans sa chambre, une tasse brûlante à la main.

– Tiens, ça te fera du bien.

Tout en parlant, la cuisinière s’activait dans la pièce. Elle approcha une table basse sur laquelle elle posa des magazines, une petite radio, des médicaments et la tasse de thé.

– Surtout, n’hésite pas à m’appeler si tu as besoin de quelque chose. Je suis là pour ça.

– Merci Maria. Elle fit une pause et ajouta. Je regrette nos disputes de ces dernières années.

Maria se tenait dans l’embrasure de la porte. Son tablier à carreaux rouges et bleus laissait entrevoir sa robe en coton gris. La main sur la poignée de la porte, elle se retourna en souriant et dit :

– Inutile de revenir sur ces vieilleries. Maintenant, il faut penser à toi. Tu dois reprendre des forces.

En refermant la porte, Maria surprit le regard de gratitude que lui adressa Carmen. C’est seulement en arrivant à la cuisine qu’elle essuya la larme qui coulait le long de sa joue.