Chapitre XV
 
     
 
Épisode 071
 
     
 

Il était déjà mort quand elle se rendit compte qu’elle était enceinte. Un bébé de Paolo, oui, elle était certaine qu’il était de lui. Son enfant. La haine qu’elle avait ressentie pour Paolo se transforma en amour impérissable. Bien sûr elle ne pourrait plus revenir en arrière sur ce qui avait été dit, sur ces mots remplis de colère qui avaient assassiné tout espoir de retrouvailles. Et surtout, elle ne pouvait pas défaire ce qui avait été fait. Il était trop tard. Pour lui. Mais pas pour elle. Ce bébé viendrait illuminer sa vie, ce serait sa raison d’exister. Elle n’avait jamais auparavant ressenti cette force qui l’animait. Elle sourit en pensant que c’était peut-être ça l’instinct maternel, cette rage de vivre pour deux, cette fureur d’exister pour protéger son enfant. Elle serait toujours là pour lui, pour partager ses joies et ses peines, pour lui donner tout cet amour que son père avait refusé. Pour la première fois de sa vie, elle allait vivre pour un autre être, elle serait son esclave elle expiera sa faute par son amour. Oui, cet enfant serait sa rédemption.

Mais, deux semaines plus tard, une fausse couche mit fin à ses espérances. Elle n’avait pas été capable de garder ce cadeau, Paolo avait gagné, il était venu chercher leur enfant pour l’emporter dans sa tombe.

Maintenant, elle ne serait plus jamais pardonnée.

***

Après avoir reposé le téléphone, Florence s’écroula sur son lit. Sa valise était prête. Elle ne contenait pas grand-chose, juste quelques vêtements, ses affaires de toilette et de l’argent, une petite fortune qu’elle avait réussi à amasser à l’insu de son mari. Elle avait toujours été prévoyante.

Ce matin, Edouard était parti tôt pour régler les derniers détails de la vente.

Il ne se doutait de rien.

Elle lui parlerait ce soir. Elle lui expliquerait que ce n’était pas de sa faute, qu’il était un mari attentionné, mais qu’elle avait rencontré quelqu’un, qu’elle ne pouvait pas vivre avec lui dans le mensonge, qu’elle allait partir. Ce soir, cette nuit.

Son regard balaya la chambre et rencontra ceux des personnages encadrés. Des hommes et des femmes austères qui semblaient la juger. Les précieux tableaux d’Edouard. Il se consolerait auprès d’eux, témoins muets de la conduite dépravée de sa femme. Ce n’était pas la première fois qu’un autre homme croisait sa route, mais Richard était différent. Il lui donnait envie de vivre mieux. Pourtant elle ne le connaissait que depuis deux semaines, mais c’était suffisant. Elle était prête à vivre autrement, à prendre des risques, à échanger sa vie terne, contre une autre, différente, nouvelle.