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Chapitre XVI |
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Épisode 073 |
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Raoul sort de la douche en se frottant les cheveux avec une serviette. Il ne voit pas tout de suite la forme allongée sur son lit qui lui dit : Alors tu te fais beau pour ce soir ? Qu’est-ce que tu fous là. Tu étais censé aller bosser comme d’habitude. Norbert se redresse et appuie sa main sur son coude. T’inquiète pas, mon patron est en vacances, je peux me permettre d’arriver plus tard. Je suis tellement excité que je ne tiens pas en place. Et j’aimerais bien que l’on répète une dernière fois le plan. On l’a déjà répété des dizaines de fois, maintenant ça suffit. Et dégage de ma chambre, j’aimerais m’habiller. Ne te gêne pas pour moi. Il ajouta en tapotant le lit. D’ailleurs, je te fais remarquer que c’est ma chambre. Allez, ne te fâche pas. J’ai pensé que nous pourrions passer un peu de temps ensemble. L’agacement de Raoul fait place à la terreur. Norbert le regarde béatement en se caressant le sexe. Son pantalon est déboutonné et une bosse gonfle son slip qui émerge de son gros bide. Alors Raoul prend conscience de sa propre érection. Il se détourne et pense à son père, mais cela ne suffit pas à le faire dégonfler. Avec maladresse, il enfile un slip et dit : Referme ta braguette, on s’amusera plus tard, j’ai besoin de concentration pour mettre au point les détails du coup. La voix mielleuse de Norbert lui parvient étouffée par l’excitation. Allez, viens, je vois bien que tu en as autant envie que moi. « Non gros porc, tire toi, ou je te bute.» Raoul fulmine déchiré entre le désir de le rejoindre et celui de lui tirer une balle qui lui clouera définitivement sa grande gueule. Le pistolet est planqué dans un tiroir, il n’a qu’à tendre la main. Il ouvre le tiroir, le saisit. Le métal froid de l’arme lui donne un sentiment de puissance, il va enfin se venger de tous ceux qui se moquent de lui. Il n’est pas une lopette et il va le prouver. Il fouille dans le tiroir pour trouver les balles. A cet instant, Norbert dit : D’accord, j’ai compris. On se paiera du bon temps plus tard. Je te laisse. Fais comme chez toi. Un rire gras accompagne sa dernière tirade. Raoul serre les poings, hésite à le suivre pour le descendre dans son foutu salon, mais sa colère le quitte d’un coup. Ce n’est pas le moment de faire une connerie, il doit rester calme. Surtout ne jamais oublier que c’est lui la victime. Il charge le pistolet et le repose dans le tiroir. Norbert ne sait pas que Raoul a une arme, il croit être le seul à en posséder une. Stupide et prétentieux petit flic. Pourtant il doit s’avouer qu’il aime bien Norbert, il est gentil et facile à vivre. Demain, tout sera terminé, alors il retournera à l’appartement des femmes. Il parlera à Carmen, la prendra dans ses bras. Il se montrera très persuasif. En ricanant il imagine son visage pendant les caresses, il connaît ses désirs. Mais ce n’est pas le visage de Carmen qui gémit, c’est celui de Norbert. |
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