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Chapitre XVII |
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Épisode 078 |
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En arrivant à la galerie, Robin trouva la porte close. Il voulait interroger Florence Maudet avant la vente, les propos de Maria l’avaient intrigué, il souhaitait en savoir plus. Porchet n’approuverait pas sa démarche, il tenait à préserver l’entourage de la galerie, mais Robin avait déjà perdu assez de temps. Il alla sonner chez la concierge. La vieille femme le dévisagea et lui dit d’une voix rude : – Attendez. Ils vont bientôt arriver. En voyant dégouliner son imperméable elle ajouta : – Abritez-vous dans le local à gauche de l’entrée, c’est ouvert. Robin n’insista pas, il connaissait ce genre de cerbère, inutile de discuter. Au moins, il serait à l’abri de la pluie. Des objets hétéroclites jonchaient le sol du minuscule local. Par habitude, Robin les examina. Pendant une enquête, ses sens étaient aiguisés, il ressentait les événements avant de les analyser, il flairait les pistes avant de les trouver. Robin s’immobilisa. Dans la pénombre du local son instinct lui envoyait des signaux. Il scruta les rangées d’étagères encombrées de bric-à-brac. Les bouteilles vides côtoyaient les pots de peintures entamés et les vieux magazines. En s’approchant d’une armoire, Robin découvrit un amoncellement de chaussures dépareillées qui débordaient d’un carton grignoté par les rats. Sur sa gauche, des habits jetés pêle-mêle sur un rayon dégageaient une odeur de tristesse. Il avait découvert la mémoire des habitants de l’immeuble, une mémoire qui sentait le renfermé. – Alors, inspecteur, vous chassez les petites bêtes ? Méfiez-vous, les rongeurs adorent cet endroit. La silhouette de Florence s’encadrait dans l’embrasure de la porte. Elle se tenait très droite, les jambes légèrement écartées, comme si elle voulait l’empêcher de sortir. Robin fut frappé par la force qu’elle dégageait. – Je vous attendais. J’aimerais vous parler. Mais Florence ne répondit pas, elle avait disparu. Robin éteignit la lumière avec un sentiment de malaise, il avait l’impression d’être passé à côté d’un indice important masqué par la banalité des objets encombrant le local. Elle devait se méfier de cet inspecteur qui frisait la stupidité. Il n’était pas dans ce local par hasard, il cherchait des preuves, il la suivait pour l’empêcher de partir. Comment avait-t-il su ? Et qu’allait-il faire ? Agacée, elle fouilla dans son sac, où avait-elle mis ses clés ? D’habitude, elle les mettait dans la petite poche extérieure, mais elles n’y étaient pas. Finalement elle les trouva et ouvrit la porte. En entrant dans la galerie, Florence se prit les pieds dans les franges du tapis et se tordit la cheville en entraînant son sac dans sa chute. Il était si lourd ! Papiers, clés, téléphone portable, passeport, se mêlèrent aux bijoux cachés dans la robe de soirée. Vite, elle devait ramasser ses affaires avant qu’il arrive. Florence s’agenouilla et fourra les objets dans son sac. Elle avait presque fini lorsque Robin lui tendit un bracelet en or. – Je l’ai trouvé sous le portemanteau. Florence leva la tête. L’inspecteur la regardait avec gentillesse. Il s’assit à ses côtés et lui proposa de l’aider. Elle refusa, elle se débrouillerait, il n’avait qu’à l’attendre dans la grande salle. Son trouble n’échappa pas à Robin. Pour une raison qui lui échappait, la belle Florence avait peur. |
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© Cousu Mouche, 2007-2008, tous droits réservés. |
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