Florence sursauta et s’interrompit au milieu d’une phrase. Elle regarda l’inspecteur comme si elle ne le reconnaissait pas. Robin répéta sa question. Finalement, elle dit :

– Edouard est un homme merveilleux. Depuis des années, il collectionne les pièces rares et aujourd’hui, sa collection est impressionnante. Il évolue dans un monde de belles choses. Ces œuvres d’art ne sont pas à vendre, elles lui appartiennent.

– Vous n’avez pas répondu à ma question.

Florence semblait perdue dans la contemplation de la cheminée éteinte. Lentement, elle releva la tête et Robin cru voir une étincelle de fierté briller dans son regard.

– Je suis la pièce maîtresse de sa collection. Elle baissa les yeux. Edouard n’imagine pas que sous la couche dorée de son précieux joyau se cache un bijou de pacotille. Et je compte sur vous pour qu’il ne le découvre jamais. Edouard me fait confiance. J’ai souvent abusé de cette confiance, mais aujourd’hui, je me rends compte de la valeur de ce sentiment et je vais faire en sorte de ne plus jamais le trahir.

Robin en avait assez entendu. Cet appartement peuplé d’objets précieux lui donnait la nausée. Il se dirigea vers l’entrée et enfila en hâte son pardessus, pressé de retrouver la solitude de la nuit.

Avant de franchir le seuil de la porte, il marqua un temps d’arrêt et observa Florence. Elle était figée sur son siège, les jambes bien serrées, comme un automate dont on aurait oublié de remonter le mécanisme. Malgré lui, il ressentit un élan de pitié pour cette petite bourgeoise aux rêves d’adolescente et il lui dit :

– Vous ne devriez pas rester seule. Où est votre mari ?

Mais Florence, perdue dans la contemplation de ses bonnes résolutions ne répondit pas.

Robin n’insista pas. Sur le palier, la cage de l’ascenseur était faiblement éclairée par des appliques dorées qui semblaient le dévisager. Il descendit rapidement les escaliers pour échapper à ces regards.

Son téléphone portable sonna au moment où son pied se posa sur la dernière marche.