Ceux de Corneauduc

Huitième épisode

Chapitre III

Gobert et Braquemart se font face un instant, se comprennent.

– Ils ne vont pas tarder à nous tomber dessus.

– Il nous faut couper par la rivière.

– Et passer par les champs du gros Louis. Droit sur le moulin.

Ils vont se fondre dans la nuit, la semelle légère et le dos rond, lorsqu’une voix retient leurs pas.

– Pitié chevaliers ! Ne me laissez point !

La Duchesse tend la main, ne parvient pas à retrouver ses esprits et, de nouveau, sombre en torpeur.

– Viens donc !

– Tu n’as pas entendu Gobert ? Elle suppliait. On n’y peut point faire morte oreille.

– Que voudrais-tu qui l’effrayât ? Elle est suzeraine. Tous ici mettront genou à terre quand ils la verront.

– Et si elle fautait ? Y as-tu donc songé ? Si elle cornait le front du Duc comme nous cornons son terrain de chasse ?

Gobert regarde le corps inanimé, hausse les épaules.

– Une Duchesse, ça ne se frotte le lard qu’en draps de soie. Je ne la vois point baisser culotte dans la forêt, ne serait-ce que pour se vider la soif. Alors pour se faire secouer la laitue... Bougremissel, quelle idée ! Non, Braquemart, c’est le délire, c’est ma souche qui lui fait dire n’importe quoi !

– On l’emmène ! déclare, péremptoire, Braquemart.

– Tu es fou ! Imagine ce qu’il adviendrait si l’on nous surprenait en pareille posture.

– Prends ses pieds ! On l’emmène.

Un craquement de branchages à quelques mètres de là, puis une lumière de torche qui vient lécher leur visage, mettent fin aux palabres.

– Halte-là, marauds !

Depuis des lustres, depuis les nuits de leur enfance, Alphagor Bourbier et Gobert Luret parcourent les bois de Minnetoy-Corbières et, s’ils s’y égarent parfois encore, c’est que chopine leur égare les idées. Maintenant qu’il faut fuir, nul ne saura les prendre ni les encercler. Une forêt a toujours issue pour les malicieux, dussent-ils porter une Duchesse comme ballot de foin.

Et puis, plus que vivacité et malice, Alphagor et Gobert possédaient en lisière de forêt, au pied des collines, une retraite de choix, la paisible chaumière d’Alcyde Petitpont. Le meunier.

 
 

À quelle vitesse tourne le moulin du meunier ?
Un bipède peut-il faire du monocycle ?
Mon tablier contre ton dromadaire, t’achètes ?
Pourquoi y a-t-il du beurre dans le café vietnamien ?
Le sang coulera-t-il au prochain épisode ?