Ceux de Corneauduc

Onzième épisode

Chapitre IV

Les reins cassés et le souffle à ras les lèvres, Gobert et Alphagor posent sans ménagement leur fardeau avant de s’écrouler pêle-mêle dans l’herbe humide devant le moulin.

– Bougremissel ! Nous y voilà. Cette commère a la peau collée aux os mais m’a paru plus lourde que vache en gésine.

– Garde ta langue, outre pleine, c’est d’une Duchesse dont tu parles.

– Duchesse, mes fesses, Bourbier ! Elle a bien failli nous faire prendre, ta Duchesse. Nous aurions mieux fait de la laisser sous ma souche et de nous charger de nos lièvres. Maintenant les hommes de Martingale font bombance pendant que nous risquons la corde.

– Que tu crois... Le Martingale fait carême à chaque jour de Dieu et ambitionne beaucoup trop de mettre la main au col des chapardeurs que nous sommes. Nous avons pu le semer mais les nuages se lèvent et lui et ses hommes trouveront bien vite nos traces.

La dame ouvre soudain les yeux le temps d’un gémissement pour resombrer aussitôt dans l’inconscience. Du sang sourd de sa tempe, collant ses mèches blondes à son front enfiévré.

– Ne crois-tu pas qu’on ferait mieux de s’occuper d’elle ? Va vite quérir Alcyde avant qu’elle ne trépasse.

Sur ce, la lourde porte du moulin s’ouvre en grand. La silhouette massive du meunier se découpe dans le rectangle de lumière. Il arbore fièrement un poussiéreux flacon ainsi que trois gobelets d’étain. Il n’accorde qu’un regard distrait aux tas de cotillons de la Duchesse avant de souhaiter bienvenue à ses amis.

– Gamin vous a vu venir. Je me suis dit qu’un détour par ma cave ne serait pas malvenu. Mais quel est donc ce drôle de lièvre que vous m’amenez là ?

Gobert Luret se relève péniblement et saisit le flacon avant de déclarer : « Nous t’expliquerons. Ouvre-nous ta porte, pour l’amour de chopine, les hommes de Martingale sont à nos trousses ». Puis, jetant un œil par l’embrasure :

– Mais où se cache donc le fils, Alcyde ?

– Il a eu peur d’un chameau et s’est caché derrière le moulin. D’ailleurs le voici. Viens là Gamin, ce n’est que Braquemart et ton père.

Le jeune garçon s’avance à pas craintifs. Le forgeron l’attrape par le coude et le pousse à l’intérieur du moulin. Rudesse de geste et de propos démentie par la tendresse de la voix : « Entre donc imbécile de mes entrailles ! Est-ce une heure à courir les champs ? Alcyde, aide-nous à porter notre gibier à l’intérieur. Les pisse-mort qui nous courent après couperaient gorge de biche tant ils sont enragés. »

 
 

Martingale joue-t-il au casino le dimanche ?
Quoi de plus présentable que des bonbons ?
L’Armée rouge peut-elle se mettre au vert ?
Pourquoi ne pas prendre congé demain ?
Et si le prochain épisode était triangulaire ?