Ceux de Corneauduc

Trentième épisode

Chapitre VIII

Les herbes en rosée frissonnent près du moulin. Comme une trace, un sifflement, comme un aspic qui rôde dans les champs, Hector-Maubert marche, comme on rampe, dague à la main. Trois pas à découvert et il pénétrera le moulin.

Par la fenêtre, il voit la silhouette d’Alcyde qui s’affaire au fourneau. Celui-là ne se doute pas encore que sa langue ne lapera bientôt plus que son propre sang. De Guincy balaie la pièce d’un coup d’œil au carreau ; le meunier tourne le dos à la porte, ce sera tuerie aisée. Trop aisée pour l’âme retorse du bucellaire.

– Meunier, ta dépouille gésira à mes pieds avant que ton âme sache qu’elle n’y gîte plus.

Il s’avance vif, silencieux, insaisissable vers la porte. Il s’assure que la fiole contenant son bouillon de sommeil est bien en sécurité au fond de sa besace ; si la Duchesse se débat, la faire taire ainsi sera plus confortable. Il raffermit sa poigne sur le manche de son arme et tend sa main libre pour pousser la porte, doucement. Ne pas faire grincer les gonds.

Un curieux bruit se répercute alors à l’intérieur même de son crâne. Son corps se fige. Le monde se relève d’un coup et la nuit lui bondit dans le corps plus noire que jamais.

Hector-Maubert gît inerte près du moulin, une bûche à côté du crâne. Gamin descend du toit et va chercher Petitpont qui chantonne en cuisine, se préparant savante compote du verger.

– Belle prise, mon Gamin, dit le meunier. On ne garde point Duchesse chez soi sans gardien à sa porte.

Il pose son regard placide sur l’homme inanimé.

– Vilaine hure vraiment, ta bûche n’a su que l’arranger. Je doute fort que ce triste sire nous cherchait courtoisie et son arme n’est pas celle d’honnête homme.

Il saisit le bucellaire d’une seule main et le jette négligemment dans la cave. Il referme la trappe et pousse le buffet de chêne pour bloquer toute issue au malandrin.

Un coup d’œil vers le fourneau le rassure sur l’état de cuisson de ses confitures. Il s’assied donc à la table et fait signe à Gamin d’en faire autant. Le pauvre garçon est tout tremblant de son exploit et ne quitte pas la cave des yeux. Alcyde lui pose une patte sur l’épaule, apaisant.

– D’ici, il ne sortira point. Tout juste pourra-t-il vider tonnelets pour se passer le temps... Ce sera toujours ça que ton père ne boira pas.

 
 

Un village vit-il mieux sans idiot ou sans église ?
Sens-tu havre de paix aux vents mauvais ?
Le Titanic, c’était cool ?
Avions-nous détruit l’étourdi ?
Le prochain épisode est-il bien insonorisé ?