Ceux de Corneauduc

Quarantième épisode

Chapitre X

Braquemart, à bout de souffle, déboule comme la foudre sur les deux tire-laines. Il manque de s’étaler, fait trois pas en arrière, trois pas en avant, puis dégaine d’un geste brusque, la pointe de son épée allant se ficher dans l’écorce du chêne voisin...

Émile la besogne et Raoul le rugueux en oublient un instant armes et proies...

– Mais qui es-tu donc, saltimbanque ? Rassure-nous, tu es de foire et non d’escorte...

Braquemart rouge et sueur au front, pied au tronc et mains sur son arme, tire à toutes forces pour en dégager la pointe... Il y parvient, mais culbute le dos sur les racines. Il se relève enfin arme pointée et paume sur les reins. Il s’avance à pas douloureux, mais il s’avance.

Gobert se fait plus circonspect et reste à l’écart. Il n’a d’ailleurs qu’une pauvre dague et ne l’a jamais plantée dans le ventre de personne.

– Bien dit Émile, Je crois qu’il est temps de jouer à courte paille...

– Ouais, histoire de savoir qui embrochera l’énergumène et qui la jouvencelle... La jouvencelle... Cul-de-Marie ! N’est-ce point toi qui la tenais ?

– Ah non, moi je me tordais les côtes à regarder le drôle... Mais où est-elle ?

Une galopade leur répond. La Duchesse avait profité de la diversion de Braquemart pour se jouer de l’étreinte des brigands et ramper jusqu’à Lucien. Elle cinglait maintenant les flancs de l’animal qui galopait comme un perdu, plus dans l’espoir de désarçonner l’ignoble péronnelle coupable de le faire courir que pour lui faire plaisir.

Émile la besogne et Raoul le rugueux se tournent alors vers Braquemart, la main au fourreau et l’œil à la foudre...

– Coquin, tu nous as fait perdre belle proie. Nous t’embrocherons deux fois pour la peine !

– Au nom de la Duchesse, je vous larderai, répond Braquemart qui s’est mis en garde.

Les deux malfrats dégainent avec une lenteur calculée deux rapières ébréchées qui lancent des éclairs sous les rayons du soleil. Ils s’avancent d’un pas résolu vers Braquemart qui cherche Ventrapinte de l’œil et ne le voit pas.

– Messieurs, je suis le Chevalier Alphagor Bourbier de Montcon, héros des croisades, et vous vous repentirez bientôt d’avoir croisé mon chemin.

Sa voix sonne haut et claire dans l’air devenu immobile de trop de tension.

– Nous, c’est Mimile et Raoul. Enchantés.

Et ils lui foncent sus.

 
 

Si les Sénégalais tirent ailleurs comment touchent-ils leur cible ?
Les acteurs marseillais parlaient-ils avec l’accent au temps du cinéma muet ?
Les bananes se plient-elles à la glace le dimanche au soleil ?
Est-il bon de manger des baies sur la route, dans un lit, sur un banc ?
Si le prochain épisode soupire, aura-t-il ce qu’il désire ?