Ceux de Corneauduc

Quarante et unième épisode

Chapitre X

Des nuées d’oiseaux effrayés s’envolent. Les armes s’entrechoquent...

Émile la besogne et Raoul le rugueux ne sont point des esthètes. L’élégance de l’escrime ne les concerne pas. Ils tiennent leur arme bien en pogne. Leur lame ne décrit pas de savantes courbes mais sait embrocher le bellâtre ou le pourceau...

Et Braquemart pare les coups. Il recule vite, mais il pare. Sa main semble se multiplier et sa lame tressaute de bas en haut, de gauche à droite comme une bourrasque d’automne. Les feuilles en perdent leurs branches.

– Mimile, le drôle veut nous éventer...

– Je vois ça, mais il ne nous laisse point l’éventrer. Vois donc, sa lame bouge si vite qu’on s’y heurte comme à un mur.

– Ne t’inquiète donc pas, je le sens qui s’essouffle...

– N’y comptez point canailles, dit Braquemart...

Sa voix se perd tant sa bouche cherche de l’air. Mais, si ses jambes s’emmêlent, s’il manque de trébucher dans les racines et les branchages, son poignet s’agite encore en tous sens et préserve sa vie. Dans un sursaut, il érafle même la joue d’Émile la Besogne.

– Oh Mimile ! Le méchant chevalier a failli t’éborgner.

– Et ce n’est que prélude à votre agonie, proclame Braquemart revigoré. Tant ma lame s’échauffe, tant elle devient légère !

– Ce prétentieux commence à me mettre en colère.

Émile attaque en tierce et taillade le pourpoint de Braquemart.

– La prochaine estocade sera pour ton cœur.

– Mon cœur est trop vaillant pour gredin dans ton genre.

Mais le bras de Braquemart semble s’alourdir. Et les deux brigands s’avancent pour en finir.

– Han !

Gobert a ramassé une bûche et, point trop hardi, c’est à distance de vingt pas qu’il la lance à pleins bras en direction des brigands.

Touché à la tempe, Raoul le Rugueux regarde la nuit grandir dans sa tête avec un sourire innocent et édenté, puis il s’effondre sans mot dire.

– Raoul, Raoul, ne me laisse pas seul face à bouffon main-de-vent !

De fait, Braquemart ne recule plus. Point par bravade, mais parce qu’il est adossé au fort large chêne et qu’il ne trouve plus moyen de reculer. Mais l’hésitation du bandit lui donne courage. Saillie de voix préfigure saillie d’épée...

– Vertuchou ! je vais te hacher la couenne...

Une seconde bûche tombe droit sur le crâne d’Émile la Besogne, qui tournoie sur lui même comme danseuse à la cour du roi avant de s’effondrer aux côtés de son compère.

À quelques pas de là, Gobert se gratte le menton avec perplexité.

– Curieux... Je ne me souviens pas d’avoir lancé cette bûche-ci... Le manque de boisson me troue la mémoire.

Braquemart, s’est laissé glisser le long du tronc. Il observe ses ennemis vaincus avec béatitude puis il lève les yeux au ciel comme pour rendre grâce au Seigneur. Son œil s’allume un bref instant, puis il se tourne vers son ami qui s’approche à petits pas, gourde à la bouche.

– Gobert, vois donc le drôle de gland que porte cet arbre !

 
 

Est-ce que les satyres s’attirent ?
Par qui le peuple est-il élu ?
Ramèneras-tu ta fraise quand les framboises seront mûres ?
Touille mes photos ou masse mes dias ?
Le prochain épisode sera-t-il photogénique ?