Ceux de Corneauduc

Soixante-neuvième épisode

Chapitre XV

Le Chevalier de Vailles toussote, mal à son aise.

– Il se trouve, Monseigneur, que lorsque nous retirâmes la fourche de votre anatomie, après vous avoir respectueusement assommé au gourdin pour que vous ne sentiez rien, quelques chairs se sont, comment dire, évadées de votre corps...

– Évadées, répète le Duc qui prie Dieu d’être en songe et de se réveiller sur l’heure...

– Oui, et comme le brave Pierre Maroisse est celui d’entre nous qui connaît le mieux l’emplacement des viandes...

– J’ai tout remis dedans, assure le boucher. Et puis j’ai bien cousu deux fois avec du boyau de mouton passé à la saumure. Tout tiendra, je vous l’assure.

La peur tenaille le ventre du Duc plus sûrement encore que ne le fait la souffrance.

– Mais mon beau sceptre de chair...

– Rassurez-vous, j’ai songé à le recoudre à l’extérieur. Il a certes curieux visage, mais je pense qu’il pourra toujours servir à évacuer le vin que vous porterez à votre bouche. Néanmoins...

– Néanmoins, répète le Duc hébété.

– Néanmoins, je crains que pour ce qui est de lignage et de jeux de couche, l’objet ne vous sera plus de bonne utilité.

– Non, non sornettes, bêtises, galivaudages ! Je ne veux en entendre plus. Demain dès l’aube je me relèverai, j’irai arracher mienne femelle à ce triste coquin de du Rang Dévaux et à prochaine lune vous entendrez gémissements de ma femme dans tout le Duché tant ma flamberge saura lui labourer et lui ensemencer le ventre... J’aurai descendance. Et non point un seul fils. C’est portée de dix que je mettrai au ventre de ma femme !

Le Duc retombe épuisé, le front luisant de sueur. Ses lèvres s’agitent encore faiblement mais plus aucun son n’en franchit le seuil.

Un soldat s’avance alors mais le Chevalier de Vailles lui intime le silence. Il n’est point encore l’heure de révéler au Duc le triste assaut sur du Rang Dévaux.

 
 

Quitte-t-on l’amour pour se reprendre en main?
Si les scouts sont toujours prêts,
les missionnaires sont-ils toujours en position ?
Un amant chevelu ou un baiseur hâtif ?
Ton écrivain somnambule a-t-il écrit ta page nocturne ?
Le prochain épisode s’est-il coupé avec son bic ?