Ceux de Corneauduc

Septante et unième épisode

Chapitre XV

À la nuit, le Duc gémit. Le Chevalier de Vailles qui s’est fait monter tente à ses côtés, se lève en bonnet et chaussons, la couverture autour du corps, sans arme ni bannière et s’accroupit auprès de son Suzerain.

– Vous souffrez, Monseigneur ?

– Ah, Vailles. Qu’il est bon à l’homme tourmenté d’entendre voix noble et amicale aux ténèbres ou son état l’a plongé... Foutredieu ! je souffre de bourse à griffer la terre plus profond que charrue ! Il se peut même que je ne puisse tenir l’entrejambe en selle à potron-minet comme il siérait pour reprendre campagne !

– Je crains que campagne ne reprenne pas, Monseigneur... Point incontinent, pour sûr !

– C’est outrage à mon honneur de renoncer ainsi...

– Il n’est certes guère glorieux de rebrousser chemin aux portes de du Rang Dévaux, mais nous nous briserons si nous nous obstinons. S’il ne vous reste vit, il vous reste vie, Monseigneur, et temps de fomenter saine vengeance. Quant à la Duchesse... J’ai cru ouïr que votre aide de camp, ce Martingale, que je tiens par ailleurs en piètre estime, dispose de quelques bucellaires capables de l’arracher saine et sauve des mains de ses ravisseurs...

– Dieu vous entende. Nous rentrerons demain. Le silence se fait. Vailles songe que décision prise, le Duc peut affronter douleur et laisser son esprit glisser vers un mérité repos. Il va pour se retirer, mais...

– Vailles ?

– Oui, Monseigneur ?

– Vous n’êtes pas sans savoir qu’à ce jour je suis sans héritier.

– Je le sais, Monseigneur.

– Je ne doute point qu’un peu de repos me rendra aussi homme qu’il se doit, mais que pensez-vous qu’il advienne si, comme le boucher semble le croire, mon membre ne savait plus saillir ?

Vailles inspire longuement avant de répondre.

– Je crains que, sitôt qu’ils auront vent de votre disgrâce, vos vils cousins ne fassent valoir leur droit sur le Duché et ne vous renversent.

– Aussi faut-il que cette nouvelle point ne s’ébruite !

– Est-ce à dire ?

– Que cette nuit même votre dague doit réduire au silence toute langue qui pourrait colporter mon état. Le boucher, les hommes qui se massaient autour... Tous.

– Bien.

– Encore une chose, Vailles. Vous pouvez donner quartier aux hommes, les renvoyer chez eux avec bonne solde, mais gardez-moi fière escorte. Mon retour se fera, je le déplore, au pas et au brancard.

– Cela sera fait, Monseigneur. Et n’ayez crainte pour votre retour, je connais charmante auberge qui saura agrémenter quelque peu votre tourment.

 
 

Quand on dit d’un enfant qu’il est précoce, pense-t-on déjà à mâle ?
Aime-t-il revenir là où sa dame eut scène ?
Les tsars ont-ils bâti Moscou pour mettre Rome à neuf ?
Préférez-vous l’amateur bronzé au pro blême ?
Le prochain épisode s’épile-t-il les sourcils ?