Ceux de Corneauduc

Cent vingt-deuxième épisode

Chapitre XXIII

ans doute Guillaume Bouilluc ne se serait-il pas assoupi auprès de Petitpont s’il avait eu vent de la présence de Louis Bellefeuille à Briseglotte. Sans doute ne se serait-il pas non plus aventuré jusqu’à l’auberge tant le flasque Bellefeuille portait à méfiance.

Louis Bellefeuille semblait trop petit pour sa vie, trop petit pour sa peau, perdu au fin fond de lui-même. Lorsque Vailles l’avait reçu, paysan à la terre confisquée par un aîné à la main leste quémandant une place en armée ducale, son premier mouvement avait été pour renvoyer aussi sec ce mollasson et de le faire bastonner en sus pour son outrecuidance. Croyait-il donc, le bougre, qu’un frêle vilain aux épaules basses pourrait porter fier le blason de Minnetoy-Corbières ? Mais Vailles suspendit son mouvement lorsqu’il croisa le regard de Bellefeuille. Il y avait dans ces yeux humiliés une colère, une patience, une obstination qui donnaient le vertige.

Bellefeuille n’était qu’une pauvre enveloppe de chair sans force. Mais rien n’échappait à ses yeux ni à ses oreilles qu’il avait don de laisser traîner là où complot se fomentait ou détail croustillant se colportait. Il savait tout des coulisses de la troupe et renseignait Vailles sans se faire prier.

Les yeux de Louis Bellefeuille valaient une lame et ses oreilles un mousquet. Rien ne lui passait inaperçu. Et si ses confrères, buveurs et braillards, le détestaient parce qu’on ne lui connaissait ni vice ni sourire, ils n’osaient le chahuter de peur des représailles du Chevalier de Vailles.

De même n’osent-ils pas le renvoyer lorsqu’il paraît en écurie et trouble le sommeil matinal de son pauvre sourire.

– On nous espionne.

Et Louis Bellefeuille explique aux soldats avoir vu un homme se faufiler de buisson en buisson. Cet homme portait la livrée ducale et le badge de la garde privée d’Eustèbe Martingale, ce qui l’avait fort intrigué. À une demi-lieue de l’auberge, l’homme avait joint deux compères dont l’un dormait en charrette. En ces temps de guerre, aller y jeter un œil était leur devoir.

***

Alcyde Petitpont ouvre un œil, puis l’autre. Une arbalète et deux mousquets sont pointés sur lui. Il secoue Bouilluc.

– Ouvre les yeux doucement, compagnon. Je crains fort que ce réveil ne te soit pas des plus agréables...

 
 

Bombe à cul ou minaret ?
Basse-fosse de plantigrade mélomane ou troubadour ?
Mais qui donc folâtrait cul nu dans les orties ?
Qu’aiment les femmes-troncs bonnes à cou lisse ?
Le prochain épisode finira-t-il les quatre fers en l’air ?