Ceux de Corneauduc

Cent trente-cinquième épisode

Chapitre XXV

Alcyde Petitpont dépose Hector-Maubert sur la paille auprès du Baron.

– Voici l’homme dont tu dois prendre la place. À toi de jouer, bucellaire. Désormais, tes talents seuls pourront te sortir de ce mauvais pas.

– Je m’en tirerai meunier, ne te soucie pas !

– Dieu me préserve de me soucier d’une canaille telle que toi ! Je vais maintenant te détacher les mains pour que tu enfiles les vêtements du prisonnier. Gare à toi si tu tentes quelque chose ; tu n’arriverais à rien avec Bouilluc dans ton dos et, demain matin à l’heure de la pendaison, personne ne te glissera dague en tes habits.

De Guincy grogne pour toute réponse. Il retire ses vêtements rapidement et enfile ceux du Baron. Alcyde se saisit des habits noirs et en revêt le Baron. Le bucellaire s’allonge alors sur le brancard où le meunier le ligote solidement.

– À présent, Bouilluc. Il convient de préparer charrette en lisière et d’y installer notre blessé.

Guillaume acquiesce et se saisit du Baron avec aisance comme s’il s’agissait d’un ballot de foin. Petitpont s’en alarme.

– Surtout Bouilluc, évite-lui toute secousse. Son corps est rongé par les souffrances comme une corde par les rats. Il s’en faudrait de peu que cette corde se rompe.

– J’y prendrai garde, Maître Petitpont.

Mais les gestes de Bouilluc demeurent ceux d’un homme de terre dont les mains sont faites pour frapper, pétrir ou concasser et point pour caresser. Petitpont s’avance pour l’aider et, lestés de leur fragile fardeau, les deux hommes sortent de l’écurie.

Au dehors, la Duchesse pose sa main sur le bras de meunier avec autorité et lui demande à voix basse :

– Tu ne m’as pas dit, meunier. Où comptes-tu faire convoyer du Rang Dévaux ? Quand je t’affirmais que je ne voulais plus croiser son chemin, ce n’était point billevesée.

– Le Baron ne retrouvera pas son fief. Il n’aura plus ni le visage ni le poing de digne souverain. Sa légende souffrira certes qu’il ait été pendu comme vulgaire brigand, mais mieux vaut cela que vie perdre. Je lui sais cousin qui a prit la robe. Le cloître est un digne refuge pour ceux qui n’ont plus loisir de manier l’épée. C’est vers ce cousin que je l’envoie, en espérant qu’il saura accueillir parent dans le besoin.

– Loin d’ici ?

– À l’approche de l’Italie. J’ai pris le temps de dessiner chemin à Bouilluc. Ce jouvenceau a assez de cran pour arriver à destination. Et jamais le Baron ne reviendra dans votre vie.

La Duchesse sourit.

– Quand je pense que beaucoup te voient comme déveine, meunier, que beaucoup te craignent pis que peste, tu es de fort bonne fortune au contraire.

 
 

Les Grecs blanchissent-ils les chèques en blanc ?
La maigre tire ou la fine hâle ?
Les Tchèques touchent-ils du bois pour ne pas tomber
dans les mailles du filet ?
Et si tu me versais du Coran ?
Le prochain épisode traversera-t-il la Manche à vélocipède ?