Ceux de Corneauduc

Cent trente-sixième épisode

Chapitre XXV

Hans Van der Klötten n’a jamais fait si bonnes affaires. En seulement deux soirées, il a vendu autant qu’en deux mois. Son seul souci sera que quelqu’un paie pour toutes ces agapes. Mais le Seigneur et Maître du Duché est là en personne et sa seule présence est suffisante garantie. De temps à autres, il croise les yeux de sa femme qui ploie sous les lourds godets de bière. Il y lit épuisement, mais aussi satisfaction du travail bien fait.

Les récits de Braquemart ont définitivement laissé place au chant. Gobert, qui ne semble plus du tout souffrir de ses blessures, entonne d’une voix puissante « L’air de l’homme rassasié » :

Oh fumet de ripaille
Sauces et cochonnailles
Oh fumet de festin
Veaux, cailles et lapins
Arrosés de vin rouge
Arrosés de vin blanc
Que nul ne bouge de ce bouge
Je me rassasie céans
Je me rassasie céans

Oh l’odeur du cuissot
Qui dégouline sur la flamme
Oh l’odeur du gigot
Qui me remue jusqu’à l’âme
Sortez barriques et cruchons
Et venez vous attabler
Rions, chantons et buvons
L’air de l’homme rassasié
L’air de l’homme rassasié

Fanchon profite de ce que tous reprennent en chœur ce joyeux ode au ventre bien rempli pour se glisser hors de l’auberge.

Dans la nuit, elle respire profondément pour ne point laisser poindre larmes. Force lui est de constater que l’indifférence du Chevalier de Montcon à son égard la blesse toujours. Mais assez de chagrin ! La vie l’a faite suffisamment forte ; elle ne va point s’effondrer à la première fissure du cœur.

Elle est là, adossée contre un arbre, à se battre en silence contre poitrine au galop, lorsqu’elle aperçoit des ombres empressées en conciliabule près d’une charrette.

Elle s’avance d’un pas, mais les ombres se figent.

– Qui va là ? demande la voix chaude du meunier.

– C’est moi, Fanchon, la fille d’auberge.

– Et bien avance, soubrette. Cède à ta curiosité.

Et Fanchon approche de la charrette, aperçoit le meunier, le jeune garde aux cheveux roux et un homme allongé.

– Le preux Chevalier de Montcon m’avait bien dit qu’il saurait soustraire le Baron à son supplice !

Le meunier rit tout bas à ces mots.

– J’avais bien vu à ton museau frémissant que tu étais perspicace, jeune damoiselle. Et le preux Chevalier, comme tu aimes à l’appeler, parle parfois un peu trop quand jupon lui court sur l’entendement.

Fanchon réfléchit avant de demander d’une voix ferme :

– Où donc le menez-vous ?

– En Est, répond Bouilluc. Mais le chemin sera long et je crains bien que le pauvre homme ne sache survivre jusque là.

Fanchon prend une profonde respiration et dit d’une traite des paroles trop longtemps enfouies aux tréfonds d’elle :

– Madame Hilda m’a enseigné l’usage des plantes et je sais panser plaies et faire descendre fièvre. Je pars avec vous, Monsieur Bouilluc. J’ai déjà trop vécu en cette auberge, servant saoulards et trognes-à-goutte, attendant l’arrivée d’un chevalier qui ne fera jamais que passer. Je ne veux pas devenir vieille à attendre une vie qui ne viendra pas. Je pars avec vous et je prendrai soin de cet homme et de vous et peu m’importent dangers et chemins que nous suivrons.

 
 

Pourquoi ne parle-t-on jamais de branle-haut de con haut ?
Est-il vrai que la vague n’erre que loin du val qui rit ?
Les Beatles étaient-ils plus célèbres que Jésus parce que l’abbé rode ?
Quand papa n’a pas d’argent est ce que sa mère douille ?
Le prochain épisode aurait-il percé la défense grecque ?