Ceux de Corneauduc

Cent quarante-troisième épisode

Chapitre XXVI

Les troupes se mettent en route peu avant midi. Le Duc et son épouse ont pris place en calèche, qui lentement s’ébranle pour prendre le chemin du retour au bourg de Minnetoy-Corbières. Contrairement à ce qu’ils craignaient, les Van der Klötten furent grassement payés pour ces deux nuits d’agapes, de quoi même se consoler du départ de leur Fanchon et remettre du chaume sur le toit. Ils agitent leur main en signe d’adieu au convoi ducal.

En cour d’auberge, Gobert et Braquemart commencent aussi à songer au départ.

– Alors brigands, nos chemins se quittent ici, dit Gobert, tirant dru sur rênes pour sortir Bourrue de l’écurie.

– Déjà !? s’étonne Émile la besogne. Il est fort triste de vous laisser partir ainsi alors que nous n’avons plus même de Montpensois pour nous passer le temps.

Braquemart vient vers eux, tenant par la longe son cheval Lucien qui boite et tangue comme esquif en tempête.

– S’il vous manque tant, votre Montpensois, vous pouvez le décrocher et jouer à lui donner discrète sépulture. À pendre là comme jambon il pue pis que bouc.

– Le grand soiffard a raison, Mimile, il faut enterrer ce croquant. Mais j’ajouterai pour ma part que je ne conçois guère respect pour cuistres qui s’en vont sans trinquer les aurevoir.

– J’ai bourse vide, tête lourde, et Gamin à ramener à sa mère.

– Ton Gamin en a vu d’autres, allez ! J’ai ouï dire qu’il manie la bûche mieux que certains orgueilleux ne manient l’épée...

– Quant à bourse, il va de soi que nous offrons...

– Vous ? s’étonne Braquemart. Allons donc, vous vivez sur deniers ducaux depuis première veillée. Vous n’avez plus sou vaillant, je ne le sais que trop.

Et les brigands de rire gras.

– Crois-tu que soldats recompteront soldes avant de retrouver leur lit et de tomber l’armure ? Que nenni ! Dans la confusion de leur départ nous avons fait tour de bourses.

– Que nous délestions juste de ce qu’il faut.

Raoul sort de sa chemise une bourse ventrue qu’il fait sauter dans sa main.

– Tôt ce matin l’aubergiste a mandé un jeune fermier pour aller quérir tonneaux et jambons à Cafloures... Sa charrette devrait déjà avoir pris le chemin du retour.

Alcyde Petitpont s’avance et toussote.

– Au vu de présente discussion, je crois que je vais remettre Bourrue et Lucien en écurie. Je ramène Gamin à Minnetoy-Corbières. Il a besoin de la sagesse d’une mère pour lui remettre idées en place. Quant à vous mes amis, je vous reverrai après bonne cuvée.

Et le meunier s’en va, Gamin à sa suite. Avant d’être hors de vue, ils se retournent pour faire un signe de la main. Gobert y répond mollement.

– Il me fait drôle de voir le fils ainsi. Il me semble que raison lui vient même s’il paraît toujours simplet... Sais-tu qu’il m’a presque sauvé la vie, hier ?

– Mais il ne sera jamais lettré ou savant, le coupe Braquemart. A-t-on déjà vu sanglier engendrer étalon ?

Ventrapinte allait réagir quant Raoul le rugueux lui saisit le bras.

– Entends-tu ce bruit, forgeron ?

– À part sabots de cheval...

– Non, l’autre direction ?

– Charrette, dirais-tu, brigand ?

– Charrette, je dirais.

– Bougremissel ! je sens soif me reprendre.

– Ça, compères, s’exclame Braquemart, on n’est pas sortis de l’auberge !

 
 

As-tu lésé les faons sans défense ?
Est-ce qu’une boussole sans gravitation ne fonctionne
pas parce que g rare, le nord ment ?
Il est où ce bec qui se tend ?
Devient-il idiot quand il y a du bruit parce qu’il est saucisson ?
Pourquoi le prochain épisode n’ira-t-il pas à Samarcande ?